vendredi 8 octobre 2010
La hausse accélérée de l'euro laisse la BCE de marbre
L'euro l'a fait : hier, la monnaie unique a franchi brièvement la barre de 1,40 dollar sur le marché des changes (voir pages 30 et 31), en réaction à des propos pourtant vagues et modérés du président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, sur le sujet chaud du moment : la menace d'une guerre monétaire. « Plus que ja mais, les cours des devises devraient refléter les fondamentaux économiques », a-t-il déclaré à la suite de la réunion du Conseil des gouverneurs, qui a décidé de laisser inchangé son principal taux directeur, à 1 %. Il a ajouté que « la volatilité excessive et les mouvements désordonnés dans les cours des changes ont des effets négatifs pour l'économie et la stabilité financière ».
La BCE « ne bouge pas, l'euro peut continuer à monter », résume Jörg Krämer, chef économiste à la Commerzbank. Les commentaires de Jean-Claude Trichet sonnent comme « la plus modérée des oppositions », juge de son côté Ken Wattret, économiste chez BNP Paribas, cité par Bloomberg. « Nous continuons à voir le contraste entre le débat interne au sein de la BCE à propos des mesures à prendre,et celui résolu au sein de la Fed et d'autres banques centrales comme un feu vert pour l'euro à demeurer plus fort, et cela plus longtemps que les fondamentaux [économiques] ne le laissent suggérer », ajoute-t-il. De fait, le président de l'institution basée à Francfort a confirmé l'impression que, à la différence de la Réserve fédérale américaine, la BCE n'allait pas accentuer dans les mois qui viennent sa politique monétaire déjà très accommodante à l'égard des banques, ni soutenir davantage la croissance. A l'immobilisme de la BCE vient s'opposer l'action de la Banque du Japon, qui a ramené son taux directeur à « virtuellement zéro », et la Fed, qui a indiqué qu'elle pourrait en faire davantage pour stimuler la croissance, par le biais d'injections de liquidités dans l'économie. « La faiblesse du dollar pilotée par la Fed va continuer à se refléter dans la force de l'euro », estime dans ce contexte Jörg Krämer.
Jean-Claude Trichet a en revanche une nouvelle fois soutenu l'idée d'un dollar fort : « Je partage l'opinion des autorités américaines lorsqu'elles réaffirment qu'elles croient qu'un dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis d'Amérique. » La faiblesse du dollar et la Chine, absente du G7 mais dont la monnaie est sous-évaluée, vont placer le débat sur les changes au premier plan lors de la rencontre du FMI, de la Banque mondiale et du G7 dans les jours qui viennent à Washington. « Nous aurons l'occasion d'échanger nos points de vue sur le sujet avec, en particulier, les autorités, les gouverneurs de banque centrale et les ministres des Finances des grandes monnaies flottantes à Washington », a précisé Jean-Claude Trichet.
Pékin a encore durci cette semaine son opposition à laisser le yuan s'apprécier face à d'autres monnaies après une rencontre avec les autorités européennes et la BCE à Bruxelles. Jean-Claude Trichet n'a pu que relever hier l'importance qu'il attachait à ce que les réformes sur les taux de change annoncées par la Chine le 19 juin dernier soient appliquées. Il y a vu un nouvel instrument devant « permettre une appréciation graduelle du yuan à un terme effectif ».
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