TOUT EST DIT

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vendredi 3 septembre 2010

Une si simple ambition

Plus loin que le bout du nez de sa rentrée, l'école ne perd jamais de vue que pour elle la performance ne se mesure pas à la réussite d'une matinée chargée d'émotions. Ce jour si dur pour la maman en larmes qui laisse son petit au monde hostile ou le retour vers le collège d'adolescents qui jusqu'aux prochaines vacances vont bourgeonner d'envies secrètes, ne sont que de courts moments dans le cycle. Derrière cette rituelle imagerie, le véritable enjeu est dans la durée et dans la qualité du service public tout au long de l'année scolaire. L'année ne se passera pas forcément bien parce qu'il n'y a pas eu d'accrocs de rentrée. La réussite et l'effort en continu se jugent sur les vingt ans à venir pour le bambin qui demain fera ses débuts à la maternelle.

Passée la dramatisation et les grains de sable, inévitables quand un million de personnes sont mobilisées, ce qui se joue à chaque rentrée c'est le passage de l'enfance à l'âge adulte. Et la seule question qui vaille d'être posée est celle des moyens mis en oeuvre pour faire progresser l'ensemble des jeunes et pas seulement pour trier les bons qui accéderont aux grandes écoles. De la nature de la réponse dépend que l'on mette fin à la dérive sélective et injuste du système éducatif, au formatage des élèves et aux fausses démocratisations de ces dernières décennies.

L'école n'est pas un compartiment étanche de la société et ses règles n'en sont pas indépendantes. Sans une véritable politique de la jeunesse et sans dynamisme économique, l'éducation ne peut pas offrir les débouchés conformes aux compétences qu'elle enseigne.

Un peu moins de maths, un peu plus d'histoire-géo ou d'économie? Mécomptes d'apothicaires que ces chicaneries quand il importe d'abord et avant tout que le maître enseigne bien et que l'élève apprenne bien. Les politiques décidées pour l'école feront, ou non, qu'elle soit émancipatrice et permette à chacun de tirer le meilleur parti de ses apprentissages. C'est dans cette si simple ambition qu'est l'avenir de notre jeunesse bien plus que dans un élitisme qui ne fait qu'accroître les inégalités et les reproduire.

DANIEL RUIZ

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