Tous les élèves le savent bien. Le plus dur, c'est le deuxième jour. Ce matin donc. Sonne alors le « vrai » début de l'année scolaire, après le temps suspendu des premières heures de la rentrée, de la découverte de sa classe, de ses emplois du temps... et de la tête de ses professeurs. « Il a l'air sévère, on va pas rigoler, elle a des baskets, il est pas commode etc. ». Hier encore, les spéculations allaient bon train mais toujours avec la même éternelle frustration : le moment tant attendu ou, plus fréquemment, tant redouté, pourrait être plus intense et mieux organisé. Ah, si on arrêtait de le présenter, avec une psychologie pénitentielle, comme le commencement des travaux forcés. Ah, si la rentrée était une fête, même ! Mais défendez une telle revendication auprès d'un chef d'établissement, et vous vous sentirez aussi décalé que le jeune appelé réclamant une nouvelle couleur d'uniforme, plus seyante, dans le sketch de Pierre Palmade... Un grand moment de solitude, donc. Mais tout cela, c'est déjà du passé.
Ce deuxième jour, c'est le plus dur, aussi, pour le ministre de l'Éducation. Passés le rituel touchant de la visite d'une maternelle devant les caméras et la promotion de nouveautés alléchantes, il faudra bien justifier les insuffisances d'un dispositif scolaire qu'il s'est évertué, la veille, à présenter comme « au point ». Comment expliquer, par exemple, que de jeunes professeurs se retrouvent devant leur classe sans avoir été formés à les gérer ? Un handicap récurrent, hérité des lacunes des IUFM, qu'on devait régler... et qu'on aggrave, faute de préparation. Selon Luc Chatel, il n'y aurait pas de quoi en faire toute une histoire. On trouvera bien un petit bricolage. Et tout le problème de la grosse et lourde machine de l'éducation nationale est là, dans la négligence de ces « détails » qui, en vérité, n'en sont pas. La contrainte de la massification a alors bon dos.
Dans ce registre, la suppression de 16 000 emplois serait, elle aussi, marginale, sans qu'on n'arrive jamais à trouver des solutions convaincantes pour répondre à la demande de moyens humains dans les établissements. Vous verrez, l'année prochaine, on en parlera encore et le gouvernement, quel qu'il soit, écartera d'un revers de main cette exigence superflue.
Le deuxième jour, on garde à la bouche l'impression d'une occasion ratée de démarrer du bon pied. Ah si, tout de même, il y a un soleil. Dans la morosité ambiante, et malgré toutes les critiques justes ou caricaturales qui pleuvent sur le système éducatif, ces Français qu'on dit râleurs expriment dans les sondages leur satisfaction des enseignants, des programmes, de l'école. Enfin un souffle de confiance. Enfin une bonne nouvelle !
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