TOUT EST DIT

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vendredi 3 septembre 2010

La dérive intellectuelle d'Alain Minc

Certains ont pensé qu'un excès de discours sécuritaire risquait de revenir comme un boomerang sur le gouvernement. Les sondages ne le vérifient pas.

En revanche, un célèbre conseiller du pouvoir – qu'il soit de gauche ou de droite – s'est exercé à ce sport avec un manque évident de talent. Emporté par le zèle médiatico-mondain anti-Benoît XVI, Alain Minc a reproché au pape d'être "allemand", et pour cette raison, lui a enjoint de se taire. Manifestement, dans son esprit, le fait d'appartenir au peuple qui a élu Adolf Hitler, il y a un certain nombre de générations, crée pour tous les Allemands une culpabilité collective. De même qu'il y a un peuple élu, il y aurait, en quelque sorte, un peuple maudit…
Sans doute, par distraction, Alain Minc ne se rend pas compte que son discours est précisément celui qui rend le nazisme particulièrement condamnable. Le nazisme consistait à reprocher à certaines personnes d'être nées, aux juifs d'être Juif, et en tirait la conclusion que tout ce que faisaient, ce que disaient, ce qu'écrivaient les juifs, était nécessairement mauvais. C'est ainsi qu'on a brûlé les œuvres de Stefan Zweig. Alain Minc conseille-t-il de brûler les encycliques de Benoît XVI ? Juge-t-il non les actes ni les discours, mais l'homme qui en est l'auteur, parce qu'il est né Allemand ? Qu'une pareille dérive intellectuelle se produise chez une personne qui a la réputation d'éclairer les responsables politiques au plus haut niveau est assez effrayant.

RESPECT MUTUEL

Dans le débat actuel sur l'expulsion des Roms, il y a deux interprétations de la politique gouvernementale. Ceux qui la critiquent considèrent qu'il s'agit d'une politique qui vise un groupe ethnique particulier : c'est ainsi que certains ont osé parler d'un "racisme d'Etat". Ceux qui soutiennent l'action menée par le gouvernement – et j'en suis – pensent, au contraire, qu'il s'agit d'une réponse à des comportements qui ne sont pas tolérables : occupations illégales de terrains, délinquance, mendicité agressive, prostitution… La solution consiste donc à demander au gouvernement Roumain, dans le cadre européen, d'améliorer la situation des Roms sur son territoire, et la France est prête à apporter sa contribution.

D'une façon particulièrement maladroite, Alain Minc vient "défendre" la position du gouvernement en employant à l'encontre du pape un argument évidemment raciste, germanophobe, comme si Benoît XVI était si peu que ce soit responsable des exactions commises par les nazis à l'encontre des tsiganes. Il est d'ailleurs assez incroyablement irresponsable qu'une personnalité réputée proche du président de la République stigmatise ainsi l'Allemagne, c'est-à-dire aussi celle d'aujourd'hui, avec laquelle il est essentiel, dans le contexte économique actuel, que nous ayons des relations de respect mutuel et de solidarité constructive. Son dérapage est toutefois révélateur de l'hostilité pavlovienne que le pape actuel suscite dans certains milieux.

Christian Vanneste, député (UMP) du Nord


Il n'y a pas plus pro-européen et pro-allemand que moi

Monsieur le député,

J'ai lu avec soin votre propos sur ma "dérive intellectuelle". Puis-je vous rappeler un fait ? S'exprimant avec la légitimité qui est la sienne, Madame Merkel avait rendu public son appel téléphonique au pape après la nomination de l'évêque révisionniste et avait précisé qu'elle lui avait demandé de revenir sur cette désignation.

Croyez-vous que la chancelière aurait appelé un pape italien ou argentin dans les mêmes circonstances ? Non, bien sûr. Pourquoi elle qui a en charge l'intérêt supérieur de l'Allemagne s'était-elle manifestée ? Parce qu'elle estimait qu'un Allemand, fut-il pape, était certes non responsable mais héritier de l'Histoire et donc tenu, sur certains sujets, à un degré de réserve supplémentaire.

Il n'y a pas plus pro-européen et pro-allemand que moi. En particulier à cause du doigté avec lequel les Kohl, Merkel, Fischer assument le poids de l'Histoire tout en donnant au monde l'image de la plus accomplie des démocraties européennes.

Se seraient-ils exprimés comme le pape ? Je ne le crois pas.

Veuillez croire, Monsieur le député, à l'expression de ma considération la plus distinguée.
Alain Minc, essayiste et consultant

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