TOUT EST DIT

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vendredi 3 septembre 2010

Le piège de Pinocchio

Les placards de l'histoire en regorgent. Et tous les grands cuisiniers de la politique - bien lire, tous ! - en font un usage immodéré. Des gros, des moyens, des petits. Des graves, des très graves et des moins graves. Des minables et des superbes. Des cyniques et des gratuits. Des méchants ou des inconscients. Des élégants et des vulgaires. Il y en a de toutes tailles en magasin et pour toutes les situations. Les mensonges, puisqu'il s'agit d'eux, sont devenus des accessoires incontournables du débat, des options obligatoires pour la scène démocratique, des éléments d'un langage à décrypter pour le public. Parfois, un réflexe conditionné. Et même, pour certains, une seconde nature. Alors, il faut bien affronter ces ustensiles d'arracheurs de dents.
Une pratique assidue les a rendus presque inoffensifs : ils sont tellement repérables. Ah, si les nez s'allongeaient... Ils n'en restent pas moins dangereux pour qui les manipule en amateur. Trop de désinvolture et, hopla geiss, ils vous explosent à la figure. C'est ce qui risque d'arriver à Éric Woerth. Bien sur, il bénéficie de la présomption d'innocence et on souhaite que la justice apporte une clarté qui lèvera des ombres ambiguës. Mais à force de dissimuler des petits détails gênants sur d'encombrantes décorations, et de rhabiller la vérité avec une bonne conscience presque trop naïve, le ministre du travail a stimulé la curiosité d'une presse toujours prompte à mettre sur la table ce qu'on cherche à planquer dessous.
Il n'est pas le cerf, traqué, d'une chasse à courre, simplement le chat d'un cache-cache pas très drôle mais qu'il a lui même initié. Les artifices de la communication se retournent cruellement contre ceux qui, parfois, comptent trop sur eux.
En répétant « je n'ai pas menti » contre toutes les évidences dans cette histoire de légion d'honneur, M.Woerth fait penser à un enfant pris la main dans le pot de confiture et qui, la bouche barbouillée, continue de dire « j'ai rien fait » comme pour s'en persuader lui-même. A cinq ans, cela peut être touchant. A cinquante-cinq, c'est toujours pathétique.
Il ne s'agit pas de jouer les redresseurs de torts. Le mensonge est humain, après tout. Qui n'en fait pas ? Encore faut-il le reconnaître à temps, avec simplicité. C'est tout ce qu'on demande aux hommes et aux femmes politiques. Si, de temps en temps, ils savaient dire « je ne sais pas », « je me suis trompé(e) », « j'ai été nul(le) sur ce coup là » ou même « j'ai menti parce que j'ai eu peur d'être injustement soupçonné(e) de malhonnêteté, et je le regrette », ils se grandiraient. Et nous feraient économiser beaucoup de temps et d'énergie.

Olivier Picard

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