TOUT EST DIT

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vendredi 3 septembre 2010

Sérénité

La sécurité est un droit de l’homme intangible : comment les libertés pourraient-elles se déployer dans un climat de peur ? Cette exigence guide l’action des gouvernements : assurer l’ordre nécessaire pour que la loi du plus fort cède la place au dialogue, que la règle s’impose et que le droit apparaisse à tous comme la seule méthode acceptable de gestion des conflits.

Aujourd’hui, il existe pourtant un écart manifeste entre ces principes, aux fondements de la démocratie, et les réalités de terrain. Depuis au moins dix ans, des inquiétudes sourdes parcourent la France. L’existence de zones de non-droit, des agressions nombreuses ou la répétition de délits contre les biens nourrissent un ressentiment d’autant plus fort que les engagements de vaincre l’insécurité se sont multipliés. L’implication de la police et de la gendarmerie a été plus visible, la politique pénale s’est faite plus répressive… pour un bilan mitigé. En tout cas, ceux qui ont eu la responsabilité de cette politique, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, comme ministre de l’intérieur, puis comme président de la République, se préparent aujourd’hui à l’amplifier.

Cette spirale, nourrie de réactions à chaud, a, bien sûr, ses vertus. Elle donne à l’opinion le sentiment que le pouvoir agit. Elle a des appuis et des relais politiques : une trentaine de députés UMP, étiquetés sarkozystes, seront reçus jeudi prochain à l’Élysée pour défendre cette ligne claire. Ils espèrent que cette « droite populaire » (du nom de leur collectif) sera représentée dans le prochain gouvernement.

Mais cette voie n’est pas sans pièges. Les réponses sécuritaires peuvent aussi avoir pour effet de faire reculer les politiques de prévention, d’accroître les tensions pour des bénéfices difficilement chiffrables et rarement démontrés. Politiquement, elles ont aussi un coût. Aujourd’hui, elles divisent la majorité, jusqu’à pousser François Fillon à exprimer mezza voce ses réserves.

Contenir les violences a toujours supposé une politique globale. Jamais la répression, toute seule, n’a suffi pour assurer la sécurité. Dans nos pays réputés pacifiés, la sérénité devrait être la norme, et l’inquiétude, l’exception.



François Ernenwein

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