Après la décennie perdue, l'année pour rien. Le temps est loin où la Bourse de Paris, portée par les valeurs technologiques, tutoyait les sommets. Avec une chute de 34 % au cours des années 2000 et un recul de près de 8 % depuis janvier, le parcours du CAC 40 depuis 2000 ressemble davantage à une descente aux enfers qu'à des montagnes russes.
Au-delà de l'indice phare parisien, c'est en réalité le placement actions dans son ensemble qui n'a plus la cote. A se demander s'il mérite toujours sa réputation d'investissement le plus rentable. On se prend à douter. A moins, évidemment, comme aiment à le rappeler les boursiers les plus chenus, de raisonner à très long terme. Sur cent ans, la Bourse, c'est 5 % de croissance annuelle contre 0,8 % pour les obligations par exemple. Mais qui investit sur une période aussi longue ?
Si les actions ont perdu beaucoup de leur attrait ces dernières années, elles le doivent d'abord à la succession des coups de tabac qui ont conduit nombre d'investisseurs à s'en détourner. Et pas seulement ces particuliers dont il est aisé de railler la propension à se ruer en Bourse juste avant l'explosion des bulles. Depuis 2007, les investisseurs institutionnels aussi se montrent beaucoup plus prudents. Guère rassurés par les incertitudes macroéconomiques et inquiets des changements prudentiels à venir, ils ont réduit drastiquement leur exposition aux actions.
Résultat, la Bourse est aujourd'hui le royaume des « mains courtes ». Ces arbitragistes et autres « hedge funds » dont les stratégies - à l'horizon du millième de seconde parfois -ajoutent à la volatilité ambiante. Du coup, les volumes d'échange se contractent et la valorisation des titres n'a plus grand-chose à voir avec les fondamentaux des entreprises cotées, pourtant redevenus très solides. Le CAC est aujourd'hui à son niveau de 1998, alors que la richesse du pays s'est accrue de moitié et les profits des entreprises de près de 80 % ! Un peu comme si le thermomètre ne donnait plus d'indications sur la santé du patient, mais plutôt sur l'humeur du médecin.
On pourrait s'en amuser, si le sujet n'était capital. Car, au-delà de l'intérêt financier des actionnaires - souvent des épargnants in fine -, la désaffection de la Bourse pose la question du financement des entreprises. Et si le marché actions remplit toujours pour le moment cette mission, sa volatilité croissante et la sous-valorisation persistante des titres rendent l'exercice de plus en plus périlleux pour les groupes cotés.
Il est urgent que les parquets se repeuplent. Pour restaurer un semblant de confiance chez les investisseurs, on pourrait commencer par revoir la composition de l'indice phare de la Bourse de Paris. Car, de tous les grands indices boursiers mondiaux, il est celui dont la performance a été la plus désastreuse depuis le pic de septembre 2000. Trop exposé aux technologiques en 2000, aux financières en 2007, il est temps de le doter d'un profil plus équilibré.
François Vidal
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