TOUT EST DIT

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mercredi 15 septembre 2010

Sarkozy enjoint Reding d'accueillir des Roms

Devant des sénateurs, Nicolas Sarkozy a dénoncé mercredi comme scandaleuses les déclarations de la commissaire européene Viviane Reding sur la politique française à l'égard des Roms et conseillé au Luxembourg, son pays d'origine, d'accueillir ces derniers.

La France contre-attaque mercredi face à la critique virulente de la commissaire européenne Viviane Reding. «Il ne s'agit pas de polémiquer, ni avec la Commission, ni avec le Parlement. Cependant, certains propos ne sont tout simplement pas acceptables», a estimé la présidence française, à la veille d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE) à Bruxelles.

Nicolas Sarkozy a pour sa part suggéré mercredi à Viviane Reding d'accueillir des Roms au Luxembourg, son pays d'origine. «Il a dit que notre politique était la bonne et qu'il était scandaleux - il s'en expliquera d'ailleurs demain - que l'Europe s'exprime de cette façon sur ce que fait la France», a rapporté le sénateur de Haute-Marne, Bruno Sido, à l'issu d'un déjeuner avec le chef de l'Etat. «Il dit qu'il ne faisait qu'appliquer les règlements européens, les lois françaises et qu'il n'y avait absolument rien à reprocher à la France en la matière mais que si les Luxembourgeois voulaient les prendre, il n'y avait aucun problème».

Des propos qui ont fait bondir le Luxembourg. «Elle ne parle pas pour le Luxembourg et n'a pas pris d'instructions au Luxembourg. Faire cet amalgame là de la part de Nicolas Sarkozy entre la nationalité de la commissaire et le Luxembourg est quelque chose de malveillant», a indiqué en fin de journée Jean Asselborn, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères.«Il faut réagir à cet amalgame (...) je sais que Nicolas Sarkozy a des problèmes avec les Luxembourgeois, mais il ne faut quand même pas exagérer». Avant d'ajouter : «Quant au fond, moi personnellement je suis entièrement sur la ligne qui est conduite par la Commission».

Barroso soutient Reding

L'Elysée réagissait aux déclarations la veille de Viviane Reding, chargée de la Justice et des Droits fondamentaux au sein de l'exécutif européen, notamment ulcérée par la dissimulation de l'existence d'une circulaire française ciblant expressément les Roms pour les expulsions. «J'ai été personnellement interpellée par des circonstances qui donnent l'impression que des personnes sont renvoyées d'un Etat membre (de l'UE) juste parce qu'elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l'Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Seconde Guerre mondiale», avait-elle déclaré mardi. Des propos qui ont aussitôt déclenché la polémique, à tel point que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a apporté mercredi son soutien «personnel» à Viviane Reding, tout en affirmant qu'elle n'avait pas voulu faire un parallèle avec les déportations pendant la guerre.

Un «dérapage», pour Pierre Lellouche

Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche a pourtant estimé mercredi que ces propos constituaient un «dérapage». La Commission «ne peut s'ériger en censeur des Etats», a-t-il estimé sur RTL. «Je ne peux pas laisser Mme Reding dire que la France de 2010, dans le traitement des Roms, c'est la France de Vichy (...) Roissy n'est pas Drancy». Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, lui a fait écho sur Europe 1. «Elle dérape, si j'ose dire, c'est-à-dire qu'elle utilise une expression qui est à la fois choquante, anachronique et qui procède d'amalgames», a-t-il déclaré.

L'opposition a pour sa part déploré la politique d'exclusion entreprise par le gouvernement. Pour Martine Aubry, «l'image de la France est abîmée, pas seulement en Europe, partout». «C'est une véritable honte dans notre pays de pourchasser des hommes et des femmes tout simplement parce qu'ils appartiennent à une ethnie et pas parce qu'ils ont commis des délits», a-t-elle déclaré sur France Inter. «Tout ça pour quoi ? Pour faire peur, pour diviser, pour opposer. Ça me fait vraiment mal».

«Viviane Reding nous traite de nazis» (FN)

François Bayrou a lui aussi pris position sur cette polémique, estimant que l'influence de la France était atteinte. «La France, pilier de l'Union européenne, pays de référence, est aujourd'hui un sujet d'émotion, de troubles, de scandales et ceci est une atteinte profonde à l'influence de notre pays», a expliqué le président du MoDem sur la chaîne Public Sénat.

Pour le député européen Daniel Cohn-Bendit, la réaction de Viviane Reding a été d'autant plus vive que le gouvernement français «a menti» à propos de la circulaire sur les Roms. «Mme Reding s'est mise en colère parce qu'elle rencontre des hommes plus ou moins charmants comme Pierre Lellouche et Eric Besson qui lui racontent des bobards et elle se réveille le matin et elle lit dans les journaux qu'il y a cette circulaire», a-t-il expliqué sur France Info. «Elle se dit ‘ils se sont foutus de ma gueule'. C'est pour ça qu'elle est furieuse».

Marine Le Pen a quant à elle accusé mercredi l'UE «d'esprit totalitaire». Viviane Reding, «entre les lignes, limite, nous traite de nazis, ce qui est quand même extrêmement grave», a estimé la vice-présidente du Front national (FN).

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