On savait que la campagne de 2012 était lancée depuis cet été. Que la reconstruction progressive de l'opposition contribuerait à durcir la rentrée politique. Que personne, y compris au sein de sa propre famille, ne ferait de cadeau à personne.
Mais on espérait - naïvement sans doute - que les clameurs des règlements de comptes ne couvriraient pas trop les graves débats de fond dont dépend l'avenir d'une France en crise. Que les ambitions personnelles n'emprunteraient pas trop les chemins de l'invective et de la déstabilisation. Que la volonté de recoller avec l'opinion ne conduirait pas à des mesures expéditives, au risque de voir la France pointée du doigt en Europe. On espérait des confrontations civilisées, éclairantes, projet contre projet. On espérait...
Depuis quelques mois, nous vivons, au contraire, dans un climat politique délétère. Des surenchères de tous bords excitent insidieusement les tentations malsaines qui ne demandent qu'à proliférer sur le terreau des inquiétudes.
Cette ambiance se dégrade chaque jour un peu plus, hier encore, à cause des perturbations d'un gouvernement et des divisions d'une majorité affaiblis par le report sine die du remaniement annoncé. À cause, aussi, du spectacle indécent des ambitions et des privilèges individuels au moment où la majorité des Français souffrent.
Des affaires ou des suspicions d'affaires monopolisent l'énergie médiatique et affaiblissent le pays et ses institutions. Le bruyant spectacle des questions au gouvernement, chaque semaine à l'Assemblée nationale, couvre parfois de désolation notre précieuse démocratie.
La justice, accusée de ne pas effectuer le travail nécessaire pour blanchir ceux qui clament leur innocence, devient alors suspecte. Les médias, certains beaucoup plus que d'autres, en se laissant porter par ce climat, se livrent à un antisarkozysme commode et excessif. Les politiques, à coup de petits mensonges et de grands calculs, font douter de leur parole des citoyens qui aspirent à la justice et veulent savoir ce que seront les impôts, les frais de santé, les retraites et l'emploi de demain.
À ne plus croire rien ni personne, car le discrédit des uns ne fait pas le crédit des autres, c'est la politique, au sens noble, qui en pâtit. La tentation pourrait être grande, lors des futures élections, de se réfugier sous des bannières protestataires et extrémistes. Ou sous pas de bannière du tout. À force de considérer l'électorat comme une matière malléable à souhait, on risque, autre hypothèse, de mettre les Français dans la rue.
Pendant ce temps-là, on oublie juste un détail : il faut réformer les retraites, la Sécurité sociale, la fiscalité, etc., pour désendetter le pays. Échouer ou même temporiser sur ces questions nous vaudrait la pire sanction: une dégradation de la note de la France qui viendrait renchérir nos emprunts, amplifier la spirale des déficits et des sacrifices sociaux.
Il est urgent de siffler la fin de cette partie irrationnelle et destructrice. De prendre les décisions de nature à ramener un minimum de clarté et de sérénité. Vingt mois nous séparent de la présidentielle. Vingt mois...
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