TOUT EST DIT

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mercredi 15 septembre 2010

« Une honte »

Que Paris veuille l'ignorer n'y change rien. La Commission de Bruxelles, en vertu des traités portés et ratifiés par la France, est bel et bien la gardienne de la législation européenne. Au nom de ce droit européen, rien de plus logique que la France se fasse menacer de poursuites pour sa politique d'expulsion des Roms. Même si cela fait mal à la patrie autoproclamée des droits de l'homme, il ne devrait pourtant s'agir que de juridiction communautaire, pas d'autre chose.
Ce qui étonne est le ton de la commissaire luxembourgeoise Viviane Reding, loin d'être une gauchiste. Elle parle de « honte », fait allusion à la Seconde Guerre mondiale... Ses propos témoignent d'une vraie exaspération devant le comportement du gouvernement français, devant l'attitude de ministres qui prétendent tout et le contraire dans un flottement perpétuel qui irrite nos partenaires. Plus l'ignorance française du cadre européen, seulement mis de l'avant quand Paris y trouve son compte. Plus une certaine arrogance toujours prompte à donner des leçons.
L'affaire des Roms, en introduisant une discrimination ethnique dans une circulaire (corrigée depuis) est le révélateur de trop. Rappelons que ce n'est pas le démantèlement des camps illégaux qui est condamné par les textes européens, et d'ailleurs la plupart des Etats de l'UE sont confrontés au même problème. Mais la manière dont la France a cru s'affranchir de la question après des années de laxisme sans organisation ni prévention : les maires qui ont assisté impuissants à l'occupation de terrains municipaux ou privés en savent quelque chose.
Nos partenaires n'ignorent pas que ce populisme du « bouc émissaire » relève de l'électoralisme en réponse à une situation intérieure chancelante. Or, qu'il s'agisse de l'agitation sociale autour d'une réforme de la retraite imposée à la hache, de l'expulsion des Roms ou des affaires politico-financières, les remugles du linge sale franco-français commencent à sérieusement indisposer quand ils ne prêtent pas à l'ironie maniée à longueur de colonnes dans la presse étrangère. Dans cette atmosphère délétère, la France semble discréditée - à moins qu'elle ne se soit elle-même discréditée - à la veille de négociations européennes aussi importantes que l'avenir de la politique agricole commune et à la veille de sa présidence du G20...
Et c'est un beau gâchis. Aux pas heureux sur la scène européenne de l'été 2008 face à la crise géorgienne et à la crise financière succède l'opprobre européen.

Jean-Claude Kiefer

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