Fin d'été pourrie sur les marchés financiers. Les devises jouent aux montagnes russes, avec une livre sterling britannique au plus bas et un yen japonais au plus haut. Les indices boursiers replongent à Paris, où le CAC 40 est repassé sous la barre des 3.500, comme à New York, où le Dow Jones pourrait bientôt enfoncer le plancher des 10.000.
Alors même que les grandes entreprises affichent de jolis résultats, les investisseurs se focalisent à nouveau sur les mauvaises nouvelles. Il est vrai qu'elles s'accumulent jour après jour aux Etats-Unis - hier, c'était l'effondrement des ventes de logements anciens, qui confirmait que l'immobilier américain ne résiste pas à l'arrêt des dispositifs de relance mis en place par le gouvernement lors de la crise. Et la Réserve fédérale a cristallisé les craintes le 10 août dernier en annonçant le maintien d'une politique monétaire très accommodante, comme si le pire était encore à venir. Depuis, le spectre du « double dip » hante les salles de marché. L'Amérique serait menacée de cette rechute dans la récession. L'Europe, elle, en serait préservée, avec une croissance qui a été globalement tonique au printemps. Mais, aux franges du continent, les clignotants se rallument. La Grèce risque de s'enfoncer dans une spirale dépressive sans remède. L'Irlande, qui avait été encensée pour sa politique anticrise, ne sort pas de la récession ni des problèmes bancaires.
A vrai dire, le « double dip » n'est pour l'instant qu'une hypothèse. Mais, dans ce paysage d'après-crise, il y a en revanche une certitude qui émerge après avoir été longtemps occultée par les gouvernements, les investisseurs et les opinions publiques : nous ne retrouverons pas le monde d'avant. La dette ne permettra pas de sortir d'une crise de la dette, contrairement à ce qu'avait cru, notamment, le président des Etats-Unis, Barack Obama. Les Européens comme les Américains veulent d'abord assainir leurs comptes, rembourser leurs emprunts. Les banques ne sont plus en mesure de leur prêter les yeux fermés. Et les Etats doivent eux aussi se serrer la vis. Après la falaise du début 2009 et le rebond qui a suivi, les pays développés sont pour des années sur un sentier de croissance faible - au mieux. Un formidable défi pour des gouvernants affrontant partout la défiance des électeurs. Et une vraie question pour les autorités monétaires qui débattront cette fin de semaine à Jackson Hole, lors de la traditionnelle université d'été de la Réserve fédérale des Etats-Unis, d'un thème évident : « Défis macroéconomiques : la décennie à venir ».
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