Tous les gouvernements occidentaux sont contraints à une rentrée sous le signe de la rigueur. La France ne peut pas faire exception, quels que soient les mots employés. Partout, il faut solder les comptes publics de la crise. Il a fallu creuser des déficits profonds pour faire face à la menace d'effondrement des systèmes financiers. Aujourd'hui, ces déficits eux-mêmes menaceraient toute l'économie si l'on n'entreprenait pas de les résorber.
Rien d'étonnant, dans ces conditions, si tous les gouvernements sont à la peine dans les sondages. Merkel et Sarkozy sont au plus bas ; Obama risque de perdre les élections au Congrès, en novembre ; en Italie, la majorité se déchire entre Berlusconi et Fini ; quant aux Anglais, ils viennent de congédier le gouvernement travailliste et d'appeler une coalition (fragile) entre conservateurs et libéraux.
Partout, il faut freiner la dépense publique et relever les impôts. En France, le gouvernement joue avec les mots en parlant de « raboter » les niches fiscales. Cela revient évidemment à relever des impôts. Les mesures envisagées ne seront d'ailleurs pas suffisantes, avec une croissance économique ramenée de 2,5 % à 2 % l'an prochain, car cela réduira les rentrées fiscales.
Il faudra donc aller plus loin dans les relèvements d'impôts. Pourquoi ne pas suspendre pour trois ou quatre ans le « bouclier fiscal », adopté avant que la crise ne produise tous ses effets ? Il ne serait pas anormal qu'en période d'austérité, les détenteurs des revenus les plus élevés (principaux bénéficiaires du « bouclier ») fassent un effort exceptionnel.
Les moteurs de l'avenir
Tout cela ne suffira pas pour remettre l'économie française sur un chemin de croissance durable. À vrai dire, nous ne sortirons pas de la crise. Nous entrerons dans un monde nouveau où les moteurs de la croissance devront changer si l'on veut revenir au plein-emploi, c'est-à-dire à un taux de croissance moyen de l'ordre de 3 % l'an. Notons que, depuis vingt ans, nous sommes demeurés autour d'une croissance de 2 % seulement. Notre objectif doit être de ramener le taux de chômage autour de 4 % (il est actuellement de 9,5 %).
Quels seront les moteurs de cette nouvelle croissance ? La conquête de nouveaux marchés dans les zones du monde qui sont entrées dans l'âge du développement, singulièrement l'Asie. Les investissements dans les nouvelles technologies, non seulement l'informatique, mais aussi les nanotechnologies (nouveaux matériaux notamment), et les biotechnologies (sciences du vivant). Enfin l'écologie pour économiser la nature, notamment dans le bâtiment, l'énergie et l'agriculture.
Ce n'est qu'en avançant dans ces directions ce qui demandera plusieurs années que nous retrouverons des taux de croissance de l'ordre de 3 % et le plein-emploi. La rigueur ne sert pas à grand-chose si elle ne débouche pas sur de la vigueur.
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