TOUT EST DIT

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mercredi 25 août 2010

Dialogues avec mon cancer

LE BRUIT DES GLAÇONS Bertrand Blier, souvent à prendre ou à laisser, n’a jamais réalisé un film banal. Pas un seul. Une marque de fabrique en soi que cette originalité de ton, d’angle d’attaque, pour des genres cinématographiques, des histoires ou des situations qui pourraient l’être. Relations tordues entre hommes et femmes, difficulté de se faire sa place au soleil, sentiment de l’échec.

Mais depuis sans doute son premier film, Les Valseuses, le cinéaste n’avait plus à ce point trouvé une telle dynamique d’un duo d’acteurs. Ce qu’il fait ici avec une audace peu fréquente au cinéma. Alors que la mort s’incarne régulièrement (se personnifie) depuis l’invention du cinéma, la maladie, elle, n’avait pas eu droit à un tel traitement. Avec une
variation même puisque ce sont en fait deux cancers – l’un pour la France du haut, l’autre plus prolétaire (géniale Myriam Boyer) – qui prennent leurs aises dans cette belle demeure du Midi de la France (c’est arrivé près de chez nous, dans le Gard).

Soit donc Jean Dujardin, dont la seule relation profonde et visible qui le maintient vivant est celle qu’il entretient avec son seau à glace permanent et ses très éphémères bouteilles de vin blanc. Un alcoolisme farouchement assumé, dans une maison devenue trop grande pour lui et sous le regard silencieusement amoureux de sa discrète gouvernante (Anne Alvaro, juste sublime). A la dérive mais pas totalement mûr encore pour mourir ou souffrir. L’est-on jamais ?


Bertrand Blier (Le Bruit des glaçons) : son oeuvre en images
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Quand Dupontel déboule – « c’est vrai qu’il a une tête de maladie, que cela ne pouvait être que lui » commente volontiers son compère de jeu – c’est d’abord le rejet, puis la bagarre. Puis l’habitude d’un combat mieux réglé, qui finalement se civilise tout en restant un combat à mort.

Qui d’autre que Blier pouvait donner à ce drame intime, intelligemment nourri de personnages et de fantômes secondaires, le rythme de la comédie, cette saveur du dialogue, cette acidité de l’ironie, la possibilité aussi d’une introspection partageable ? Personne sans doute et on notera au passage qu’à la causticité redoutable de cet auteur s’ajoute ou se substitue parfois comme une lueur d’espoir, une tendresse nouvelle, comme un mot aussi idiot que le mot "printemps". Noir sujet donc pour un film qui est tout sauf désespéré ou désespérant.

Le Bruit des glaçons - Bertrand Blier - Clip n°3 (HQ)
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Jean-François Bourgeot

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