Dans la primaire à droite qu'il a engagée contre les Le Pen sur le terrain de la sécurité, Nicolas Sarkozy est entrain de perdre un des socles de son électorat. Déjà choqués par le discours du Latran et la présence dans la délégation française au Vatican de personnages auxquels ils ne s'identifient guère, les catholiques pratiquants ont exprimé leur mauvaise humeur dans les urnes, ils disent aujourd'hui haut et fort leur désaccord avec les expulsions de Roms. Le président de la République avait souhaité lors du débat sur la laïcité positive que les catholiques s'expriment, il est servi. Jusqu'au pape qui sermonne la France en quelques formules aussi châtiées que vigoureuses et la rappelle au devoir « d'accueil des légitimes diversités humaines. »
L’adresse de Benoît XVI dit bien le choc ressenti par les chrétiens heurtés dans leurs convictions profondes par les rudes évacuations des camps illégaux. Si le sentiment de la gravité des faits est aussi fort c'est que nous sommes ici dans l'oeil du stigmate d'une histoire encore très présente. Certes bien réel, le problème des Roms n'est pas du même ordre que cette sinistre référence mais tout « bien pensants » qu'ils soient les catholiques savent qu'il ne peut être réglé par quelques dizaines d'expulsions.
En venant sur le terrain de la politique, l'Église ne fait aucune concession à la facilité. Elle affirme l'intégrité et la cohérence de ses valeurs. Sur le plan théologique c'est imparable. Sur le plan politique la question se pose de savoir où iront les électeurs chrétiens déçus de voir la solidarité et la charité céder le pas au pragmatisme idéologique ? Pas au trop nationaliste FN, marginalement au PS, même si l'on se souvient que la gauche avait été rénovée en d'autres temps par l'apport des mouvements catholiques opposés à la guerre d'Algérie.
Peut-être Nicolas Sarkozy, en pensant réagir à la fuite des électeurs du Front national, favorise-t-il l'ouverture d'un espace centriste, tout aussi dangereux pour lui, dans lequel se sentiraient à l'aise un de Villepin ou un Bayrou requinqué ? Voire un Hervé Morin qui irait au bout de son envie en se déclarant en rupture avec le président et en quittant rapidement le gouvernement.
DANIEL RUIZ
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