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lundi 7 juin 2010

Sarkozy et Merkel veulent relancer le moteur franco-allemand

Le président de la République est à Berlin pour tenter d'aller plus loin sur la coordination des politiques économiques européennes.

A l'approche d'un sommet européen puis des réunions des G8 et G20 au Canada, Angela Merkel recevait lundi à Berlin Nicolas Sarkozy pour remettre de l'huile dans les rouages du couple franco-allemand, sérieusement grippés par la crise grecque et celle de l'euro.

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C'est devenu un classique de la geste diplomatique franco-allemande. Avant chaque grand rendez-vous international, la chancelière et le président se retrouvent pour "caler" leurs positions. A dix jours du conseil européen de Bruxelles, leur dîner berlinois s'annonce copieux, lourd même.

Depuis trois mois, les accrochages se sont multipliés de part et d'autre du Rhin autour de la gouvernance économique de l'Europe et des réticences de Berlin à voler au secours de la Grèce.

La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a multiplié les coups de griffe publics contre l'Allemagne, dénonçant pêle-mêle son excédent commercial insupportable pour ses voisins de la zone euro ou sa décision d'interdire certaines ventes à découvert d'obligations d'Etat.

A demi-mots, la France reproche aussi à sa voisine d'avoir retardé le plan de sauvetage de la zone euro. "En janvier, ça nous aurait coûté 15 milliards, aujourd'hui, 750 milliards", s'est-on agacé à Paris.

C'est dans ce climat houleux qu'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy vont tenter d'accorder leurs violons sur la coordination des politiques économiques européennes, alors que le président de l'Union européenne (UE) Herman Van Rompuy doit présenter le même jour ses premières propositions sur ce thème.

Ce dossier a longtemps empoisonné les relations entre les deux pays, Berlin refusant de sacrifier son orthodoxie budgétaire sur l'autel de l'Europe.

Le mois dernier, la chancelière allemande, qui conclut un séminaire de deux jours de son gouvernement sur les coupes budgétaires à venir pour réduire les déficits, appelait encore l'Europe à adopter "une nouvelle culture de la stabilité" sur le modèle allemand qui a, selon elle, "plus que fait ses preuves".

Partisan ardent et de longue date d'un "gouvernement économique de l'Europe", le président français est déterminé à avancer. Mais, contrairement au passé, sans heurter de front sa partenaire.

Ces dernières semaines, Nicolas Sarkozy s'est abstenu d'étaler au grand jour ses divergences avec Angela Merkel, pour ne pas la gêner sur son front politique intérieur ou alimenter la spéculation contre l'euro. "Il ne peut pas y avoir de désaccords entre l'Allemagne et la France sur des sujets de cette importance", a-t-il argumenté en mai.

Sur un mode très optimiste, Paris assure que Berlin, qui insistait jusque-là plutôt sur une coordination au niveau de l'UE, n'est plus hostile à un gouvernement économique de la zone euro.

"Tout le monde est d'accord sur la nécessité de la coordination et personne ne conteste plus que ce pilotage doive se faire au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement", estime-t-on à la présidence française. "Ce n'est pas soit les 27, soit les 16, le renforcement de la gouvernance passe par les deux. Tout l'enjeu est de trouver le juste équilibre".

La France défend l'idée de réunions régulières des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Eurogroupe et même de créer un "secrétariat" des seize. "Mais le débat reste ouvert à ce stade", assure l'Elysée.

Même si le dîner de lundi soir ne devrait pas accoucher "à ce stade" de propositions franco-allemandes sur la gouvernance, dit-on à Paris et Berlin, Mme Merkel et M. Sarkozy devraient en profiter pour afficher leurs convergences à la veille du sommet de Bruxelles.

"Le moteur franco-allemand fonctionne", veut croire l'Elysée, "depuis trois ans, il a été présent à tous les rendez-vous".

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