TOUT EST DIT

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lundi 7 juin 2010

Sécurité : un rapport dénonce des protections de «confort»

La Cour des comptes préconise de réduire les dépenses du service qui veille sur les hautes personnalités.

Les bodyguards de la République coûtent cher pour des missions pas toujours justifiées. Au moment où le gouvernement annonce une réduction du train de vie de ses ministres et de ses fonctionnaires, la Cour des comptes s'est penchée sur le Service de protection des hautes personnalités (SPHP). Son rapport est révélé ce lundi soir par le magazine «Haute Définition» de TF1.

Michel Charasse, ancien ministre du Budget de François Mitterrand, bénéficie par exemple de l'escorte de deux gardes du corps à Puy-Guillaume, petite bourgade auvergnate de… 2 620 âmes. La Cour, estime que cette protection du tout nouveau membre du Conseil constitutionnel, n'est «pas justifiée par un niveau de menace suffisant». Michel Charasse facture au SPHP la location du studio lui appartenant, dans lequel sont hébergés les deux policiers. Le loyer est certes très modeste : 126 euros par mois. Mais la Cour trouve «regrettable qu'une personnalité protégée par le SPHP ait tiré profit de la location des logements affectés à sa sécurité». Michel Charasse nous a fait savoir que la facturation de ce loyer lui avait été demandée par le SPHP.

Tous les anciens premiers ministres -neuf actuellement- bénéficient également de gardes du corps à vie. Ces protections coûtent en moyenne 71 879 euros par policier et par an. Les frais de mission -repas, hôtel, transports- peuvent rapidement faire grimper la note, surtout lorsque ces personnalités voyagent à l'étranger. En 2008, les seuls déplacements de l'ancien premier ministre Dominique de Villepin ont coûté 94 562 euros.

Depuis un an, le SPHP -par souci d'économie- n'est plus censé accompagner à l'étranger les personnalités politiques, qui ne font pas partie du gouvernement. Il y a eu, cependant, en 2009, quelques «dérogations» : Rachida Dati, ex-ministre de la Justice, a ainsi bénéficié d'une protection d‘un mois en août 2009, lors d'un séjour au Maroc, alors qu'elle avait quitté le gouvernement deux mois plus tôt. Ses trois gardes du corps et sa voiture de fonction, une Peugeot 607, ne lui ont été retirés qu'en mars dernier. Les anciens ministres de l'Intérieur peuvent également bénéficier d'une protection à vie : la Cour relève que la France est le seul pays à accorder ce dispositif. Un service que notamment le socialiste Daniel Vaillant et Charles Pasqua ont accepté.

Unité d'élite

Le rapport provisoire de la Cour des comptes préconise de réduire au plus vite les dépenses de cette unité d'élite en supprimant ce que les magistrats de la Rue Cambon appellent «des missions de confort». Composé de près de huit cents policiers, ce service est normalement chargé de protéger les membres du gouvernement et les personnalités politiques françaises et étrangères, soit environ une centaine de personnes.

Depuis deux ans, le ministère de l'Intérieur s'est penché sur le sujet. Une commission ad hoc doit rendre un avis pour décider de l'attribution ou du maintien de gardes du corps. Mais elle ne s'est encore jamais réunie.

Début 2009, le SPHP a de son côté proposé de supprimer les protections de Ségolène Royal, François Bayrou et Laurence Parisot, la patronne du Medef, en raison d'une «absence de menaces». Selon la Cour des comptes, «le SPHP, en dépit du bien-fondé de ses propositions, a reçu la consigne de maintenir ces dispositifs». La Cour préconise de limiter les protections des ex-premiers ministres et ex-ministres de l'Intérieur à un an après l'arrêt de leurs fonctions.

Autre piste d'économie : la suppression des protections des personnalités étrangères en visite privée en France (plus de 158 000 euros de frais de mission en 2008 pour ce dernier type de prestations). Ce rapport provisoire vient d'être adressé au ministère de l'Intérieur, où il est «à l'étude». Le ministère dispose en effet de deux mois pour répondre aux observations de la juridiction et remettre en cause éventuellement les erreurs d'analyse et d'appréciation. On estime cependant Place Beauvau qu'il va dans le sens d'une réforme déjà engagée au niveau du SPHP : le nombre de policiers affecté à la protection de personnalités politiques a été revu à la baisse.

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