TOUT EST DIT

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samedi 5 juin 2010

Rachida Dati sort de son silence

L’ex-ministre de la Justice évoque l’affaire des rumeurs sur la vie privée du couple Sarkozy, les municipales à Paris et la politique de sécurité du gouvernement. Sans concessions.
Très discrète depuis sa mise en cause par l’entourage présidentiel, la maire du VIIe arrondissement de Paris fait le point sur les sujets d’actualité. Et réclame toujours un « retour aux fondamentaux » de la droite.

De nombreux élus UMP de Paris voient en François Fillon le sauveur pour les municipales de 2014. Qu’en pensez-vous?
RACHIDA DATI. Les municipales, c’est encore très loin. François Fillon est Premier ministre. Les Français ne supportent pas, quand on remplit une mission aussi importante, surtout en période de crise, que l’on se projette ailleurs.

Mais vous-même, vous vous êtes positionnée…
Avant 2014, il y a la présidentielle de 2012. Le résultat de cette élection aura évidemment un impact sur les municipales. Mieux vaut se concentrer d’abord sur cette échéance. Pour ma part, je suis maire du VIIe et je confirme que je serai candidate aux législatives en 2012. S’agissant des municipales, il ne faut pas que la droite soit frileuse, ou conservatrice, en choisissant une formule qui la rassure. Il faut qu’elle analyse les raisons de ses échecs successifs et qu’elle se mette en phase avec Paris et les Parisiens.

La droite peut-elle reconquérir Paris?
Bien sûr. Je constate qu’aux élections européennes, avec Michel Barnier, nous y avons fait un excellent score. Nous avons relégué le PS très loin derrière.

Au moment des régionales, vous aviez demandé au gouvernement un « retour aux fondamentaux ». Avez-vous l’impression d’avoir été entendue?
Il faut être honnête, sur la sécurité, notamment, il y a un vrai décalage entre le discours et la réalité. Le succès de la politique initiée en 2002 était fondé sur deux éléments. D’une part, un facteur humain, avec un ministre de l’Intérieur qui était en permanence sur le terrain, au côté des victimes, des forces de l’ordre, de l’ensemble de nos compatriotes; d’autre part, un facteur technique, avec une loi d’orientation qui affichait une ambition et une vision pour la sécurité, la même pour tous sur tout le territoire, et qui donnait les moyens efficaces pour y parvenir. Aujourd’hui, une partie des Français, en particulier dans les milieux populaires, se sent abandonnée. Je pense aussi aux forces de sécurité qui ont besoin d’être soutenues par l’opinion publique et valorisées par les responsables politiques.

Brice Hortefeux n’est pas un bon ministre de l’Intérieur?
Je dis juste qu’il faut être parmi tous les Français sans exception et ne pas remettre en cause le cœur de métier des forces de l’ordre : leur présence quotidienne et effective sur le terrain, pour protéger nos compatriotes. Je suis horrifiée que des bandes de voyous agressent des chauffeurs de bus et s’attaquent aux forces de l’ordre, c’est une atteinte grave à l’Etat. De plus en plus de mineurs appartiennent à ces bandes. On ne peut pas accepter l’augmentation de cette délinquance, notamment des moins de 13 ans. Quand j’ai proposé la responsabilité pénale des mineurs à 12 ans, ce n’était pas une provocation, cela correspondait à la réalité! C’était avant tout un moyen de prendre en charge ces mineurs en responsabilisant les parents et en imposant des mesures éducatives.

Vous semblez regretter que la politique de la ville ne soit pas plus efficace…
Il faut une politique nationale de la ville, que l’on habite à Quimper, à Annecy ou à Argenteuil. Pendant des années, on a fait des politiques de zonage, sans s’occuper des individus. La première rupture s’est faite grâce au plan de cohésion sociale et à la création de l’Agence nationale de rénovation urbaine qui ont permis de désenclaver des cités populaires en y réintroduisant des services publics, en les ouvrant sur les autres villes et en favorisant la mobilité. Aujourd’hui, je crains que la politique de la ville ne devienne une politique d’aménagement des ghettos. Il faut absolument rompre avec cette vision et tout faire pour favoriser l’insertion et la promotion sociale.

C’est-à-dire?
Il faut une politique réelle de l’égalité des chances. Prenons l’exemple de l’école. Dès 2006, j’avais proposé deux outils : les internats d’excellence et les classes préparatoires intégrées, pour faire accéder aux plus hauts postes de la fonction publique des étudiants méritants mais sans moyens suffisants pour se payer une classe préparatoire. Cela marche très bien. Je regrette que les autres écoles de la haute fonction publique n’aient pas fait la même chose, alors que c’était une demande du président. Quant aux internats d’excellence, je suis heureuse d’accueillir dans le VIIe, à la prochaine rentrée, le premier internat parisien, pour des jeunes filles défavorisées.

Nicolas Sarkozy reste-t-il le meilleur candidat de la droite pour 2012?
Il sera le président sortant, notre famille politique le soutient : c’est notre candidat naturel.

Comment avez-vous vécu l’épisode des rumeurs sur le couple présidentiel?
Ce qui m’a choqué, c’est d’avoir été jetée en pâture pendant des semaines sur la base de ragots indignes et avec des méthodes inacceptables! C’est du jamais-vu sous la Ve République! En ce qui me concerne, certaines personnes devraient éviter de se laisser guider par certains préjugés. Je n’en dirai pas plus. L’essentiel pour moi est d’être en accord avec mes valeurs, mes convictions et de continuer à servir mon pays.

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