Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique d’Anatolie, a été tué jeudi 3 juin par son chauffeur
La nouvelle, parvenue brutalement jeudi 3 juin en début d’après-midi à Istanbul, de l’assassinat de Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique d’Anatolie, est venue assombrir dramatiquement le voyage de Benoît XVI à Chypre, et jeter une lumière tragique sur les préparatifs pour le synode des Églises du Proche-Orient.
Comme les autres évêques de Turquie, et comme tous les évêques latins et orientaux du Proche-Orient, Mgr Padovese était en effet attendu vendredi matin à Chypre, pour accueillir le pape.
Jeudi après-midi, les conditions de son assassinat, restaient peu claires : ce serait son chauffeur, qualifié par les agences italiennes de « dépressif » et « violent » qui l’aurait poignardé dans sa maison d’Iskenderun (Alexandrette, en français), dans le sud de la Turquie. Cette mort vient en tout cas une nouvelle fois rappeler la situation précaire des chrétiens dans le pays, un des points sur lesquels devrait insister le document de travail pour le synode que Benoît XVI va remettre samedi aux Églises orientales.
Le Saint-Siège «consterné»
Ne représentant qu’une infime minorité, à peine 100 000 personnes, les chrétiens souffrent régulièrement des vexations et brimades, et des restrictions à la liberté religieuse imposées par le gouvernement turc. La mort de Mgr Padovese vient s’ajouter à celle du P. Andrea Santoro, tué le 5 février 2006 à Trabzon, et des trois missionnaires protestants, égorgés à Malatya en avril 2007.
Âgé de 63 ans, ce capucin, originaire de Milan, était en effet une personnalité de l’Église en Turquie. Nommé par le pape vicaire apostolique d’Anatolie en 2004, premier à ce poste, puisque le vicariat a été créé à ce moment-là, il était aussi le président de la conférence épiscopale turque. Cet homme brillant, expansif, n’hésitait pas à hausser la voix pour défendre les intérêts de la minorité chrétienne. Il s’est personnellement beaucoup battu pour que l’église de Tarse, la ville natale de l’Apôtre Paul, soit rouverte au culte, sachant qu’elle avait été transformée par les autorités en musée.
Au-delà de l’Église turque, cet assassinat « frappe l’Église universelle tout entière » réagissait jeudi le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, qui s’est dit « consterné ». Pour le porte-parole du pape, cet assassinat « nous rappelle qu’il faut être prêt au martyre pour annoncer l’Évangile ».
Il avait célébré les obsèques du P. Santoro
Cette agression terrible, perpétrée peu avant que le pape ne remette aux Églises d’Orient le document de travail du synode prévu en octobre, manifeste les difficultés terribles que rencontrent ces communautés pour témoigner de l’Évangile. Il est plus que jamais nécessaire de les encourager, de les soutenir dans leur témoignage. »
Triste ironie de l’histoire, c’est Mgr Padovese qui avait eu la douleur, en 2006, de célébrer les funérailles de son compatriote, le P. Santoro, à Trébizonde. « Nous pardonnons à celui qui a accompli ce geste » avait-il alors affirmé, expliquant que l’unique voie à poursuivre pour les chrétiens en Turquie était celle « du dialogue, de la connaissance réciproque, de la proximité et de la sympathie ». Et, en invoquant le P. Santoro, il concluait ainsi : « Celui qui a voulu le supprimer physiquement ne savait pas qu’aujourd’hui son témoignage ne serait que plus fort. »
samedi 5 juin 2010
L’assassinat du vicaire apostolique d’Anatolie assombrit le voyage du pape
Isabelle de GAULMYN
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