TOUT EST DIT

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samedi 5 juin 2010

La leçon

Ce devrait un régal pour un éditorialiste. Presque trop facile. Un ministre de l'intérieur condamné pour injures raciales. Un ancien ministre de l'immigration et de l'identité nationale reconnu coupable de propos jugés « outrageants » envers les personnes arabes... Quel sujet !
Ce n'est pas une polémique de plus, pourtant. La décision d'hier ne réjouira aucun républicain tant elle sanctionne des tensions, des images, des caricatures qui devraient être dépassées depuis bien longtemps. Tant elle met au jour tout le chemin qui reste à parcourir vers la sérénité pour une société française multiraciale et multiculturelle depuis longtemps, mais qui peine toujours à se regarder telle qu'elle est.
Au-delà d'un jugement qu'elle a prononcé contre l'avis du parquet -il faut le souligner- le tribunal correctionnel a clairement pénalisé l'hypocrisie, cette redoutable alliée de tant de discriminations. A travers la condamnation d'un membre du gouvernement, c'est aussi les faux-semblants et les non-dit qu'elle semble avoir visé. Et c'est sans doute l'essentiel.
Peu importe que M. Hortefeux ait été piégé par la caméra. Peu importe que ses propos n'aient pas été destinés à être entendus. Peu importe les circonstances joviales dans lesquelles les faits se sont produits. Toutes ces excuses n'ont pas été suffisantes pour minimiser le racisme ordinaire, presque bonhomme, qu'ils véhiculaient.
Il ne s'agit pas de crucifier M. Hortefeux en particulier. Son passage au ministère de l'immigration lui a sans doute renvoyé une réalité bien plus complexe que celle qu'il croyait découvrir en y entrant. Il ne sert sans doute à rien de crier à la démission, pour faire une vulgaire récupération politique d'un grave dérapage.
L'important, c'est la leçon. A commencer par le rappel à l'ordre d'une haute personnalité de la République sur un principe simple : quand on exerce des responsabilités, on fait attention à ce que l'on dit. Fût-ce à la fin d'un banquet. Fût-ce dans sa propre famille politique. Fût-ce dans la confidence d'un cercle d'amis. C'est à la fois une question d'éthique, de rigueur et de professionnalisme.
Le reste est affaire d'honneur et de décence. Des valeurs en baisse, semble-t-il, dans les hautes sphères du pouvoir. Devenues fort subjectives en tout cas... Le plus terrible serait de sombrer dans les astuces de procédure pour esquiver une fois de plus l'examen de conscience que la France, les Français et leurs dirigeants doivent mener face aux discriminations, et donc à l'injustice, qui minent une égalité si bien proclamée.

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