résentée comme la panacée pour financer les universités, la collecte de fonds auprès des particuliers et des entreprises risquait une mort prématurée en Europe en raison de la récession. Il n'en est rien. "La philanthropie dans le monde éducatif est une tradition perdue avec laquelle l'Europe est en train de renouer", assure Laure-Anne Garnier, consultante chez Council for Advancement and Support of Education (Case). Mais il est vrai qu'elle y renoue d'autant mieux que les Etats l'encouragent.
Au Royaume-Uni, les fonds levés en 2008-2009 ont dépassé pour la première fois les 500 millions de livres (598 millions d'euros), selon l'étude annuelle réalisée par le Centre national de recherche sociale (NatCen) pour Case et le Ross Group, un réseau de professionnels du "fundraising" publiée fin mai. Ce montant représente une augmentation de 18,8 % en un an. Le nombre des donateurs (168 547 personnes ou organisations) a progressé de 12,4 % et les anciens élèves se sont mobilisés (+12,8 %). Le tandem Oxford et Cambridge raflent 51 % de la mise. Seul bémol, les promesses de dons pour les campagnes à venir chutent de 21 %.
Dans ce pays, le "schéma d'abondement des donations 2008-2011" de 240 millions d'euros par an a dopé la collecte. Pour le premier exercice de cette loi, qui s'est clos en février, le gouvernement a versé "le maximum de fonds disponible".
En Allemagne, le gouvernement s'apprête à mettre en place un système similaire en octobre, s'engageant à doubler la mise pour tous les dons concernant les bourses d'études jusqu'à hauteur de 160 millions d'euros. Le principe a été testé en Rhénanie-Westphalie où il fonctionne depuis quatre ans. Résultat : "La crise n'a eu aucun effet sur la levée de fonds", assure Angela Poth, en charge du "fundraising" à l'université d'Aachen. Son université a levé 3 millions d'euros en 2009, une somme qui reste cependant très modeste au regard d'un budget de 600 millions d'euros.
Baisse des promesses
Outre l'encouragement des Etats, l'autre moteur de la collecte repose sur un bon "ciblage" des campagnes. L'argument le plus porteur aujourd'hui : les bourses aux étudiants. Les grands programmes d'aide à la recherche attendront, car les donateurs veulent un impact immédiat.
L'université de Navarre, à Pampelune en Espagne, a ainsi recueilli 1,2 million d'euros pour lapériode 2008-2009, des fonds qui ont permis de financer les études de plus de 200 étudiants. En Italie, le premier objectif de la campagne de l'université Bocconi - lever 100 millions d'euros d'ici à 2015 et dont 40 millions ont déjà été engrangés - est d'apporter une aide aux étudiants "méritants". Mais non portées par une aide gouvernementale, les promesses de dons enregistrent toutefois une baisse de 10 % à la Bocconi et même de 20 % à l'université de Navarre.
En France, où la culture des dons individuels n'est pas encore installée, les universités misent sur la création de fondations chargées de la collecte auprès des entreprises. Vingt-six fondations ont vu le jour depuis 2007, levant 62 millions d'euros dont 30 millions pour la seule fondation de l'école d'économie de Toulouse.
Car crise ou pas crise, les raisons qui poussent les universités du Vieux Continent à solliciter la générosité du secteur privé n'ont pas changé. Les fonds publics étant devenus plus rares, "90 % des universités européennes ont entrepris de diversifier leur financement", explique Thomas Estermann, de l'Association européenne des universités (EUA), qui vient d'achever une enquête sur ce sujet auprès de 160 institutions européennes.
Les financements gouvernementaux représentent les deux tiers de leurs budgets mais la palette tend à s'élargir grâce aux droits d'inscription (9 %), aux recours à des fondations et à des entreprises (7 %), à d'autres institutions publiques que les gouvernements (4 %) et aux "fonds philanthropiques" (3 %).
Brigitte Perucca
samedi 5 juin 2010
En Europe, la levée de fonds privés pour financer les universités résiste à la crise
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