TOUT EST DIT

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mardi 15 juin 2010

PME : les grains de sable de la reprise


Plusieurs milliers de chefs d’entreprise (plus de 10.000 patrons peut-être) vont se retrouver aujourd’hui à Paris pour Planète PME, l’événement de la CGPME. Nicolas Sarkozy va s’adresser à eux – une première pour un président – , et devrait leur dire tout le bien qu’il pense d’eux – eux qui ont été les victimes de la crise et dont l’image est bien meilleure que celle... des banques. Il va leur annoncer quelques mesures (par exemple pour maintenir les médiateurs du crédit).
Mais dans les couloirs, il y a fort à parier que ces chefs d’entreprise ne parleront pas de la politique économique, du couple franco-allemand et même des retraites. Ils parleront de leurs carnets de commandes et de la conjoncture encore incertaine. Et certains se plaindront d’un phénomène qui monte et dont pour le coup on parle peu : leurs problèmes d’approvisionnement. Parce que la reprise créé un peu partout des goulots d’étranglement (en France et ailleurs).

Il y a un peu partout des pénuries de matières premières, de pièces, qui empêchent les productions et ralentissent la reprise. Je vous donne quelques exemples. Faute de composants électroniques, le fabriquant allemand d’autoradios qui équipe les Audi et les Porsche ne peut les livrer. Résultat : les modèles de ces marques sont disponibles avec retard. Autre exemple, faute de dioxyde de titane, un produit chimique qui donne de la blancheur au papier, la fabrication de papier a des ratés. Faute de produits de base, les sous-traitants de l’automobile qui utilisent du plastique (pare-chocs), livrent Renault avec retard. Et c’est la même chose dans l’imprimerie ou dans l’électronique, où les « puces » manquent cruellement. Les fabricants de téléphones s’arrachent les cheveux alors que les ventes explosent.

La cause de ces pénuries est à la fois simple et inextricable. Confrontées à la crise, les industriels ont massivement réduit leurs stocks et leurs capacités de production, en fermant des usines. Ils l’ont fait tellement que maintenant que çà redémarre, ils n’arrivent pas à desserrer assez vite les boulons, surtout s’ils craignent que la reprise ne soit un trompe l’œil. Rouvrir les usines, relancer les chaînes, recruter du monde, cela prend du temps.
Voilà pourquoi les fabricants d’encres d’imprimerie sont sur les nerfs, voilà pourquoi il est difficile sur l’ensemble de la planète aussi de trouver certains composants électroniques, de l’acide acrylique, du pigment violet ou encore du nylon. Le résultat est que les prix montent, que les délais de livraison s’allongent, et qu’il faut parfois fixer des contingents.
Cela n’est pas anecdotique : aux Etats-Unis, certains chantiers routiers sont menacés faute de deux produits chimiques clefs pour fabriquer la peinture utilisée pour la signalisation …

Cela n’est sans doute pas grave… mais cela montre l’imbrication de l’économie, sa complexité, comment des grains de sable peuvent enrayer la mécanique de production. Une voiture, ce sont des milliers de pièces, un iPhone des centaines. L’économie c’est la macroéconomie, les grands équilibres mais aussi des petites choses qui font le quotidien de la vie des entreprises – celles dont nous parlons peu mais dont parlent les patrons quand ils se rencontrent.
DOMINIQUE SEUX

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