Ainsi il n'y aurait pas l'ombre d'une feuille de papier à cigarette entre la position de Nicolas Sarkozy et celle de son Premier ministre sur la question de l'âge légal de la retraite qui devrait être tranchée aujourd'hui. Le couple exécutif aurait pourtant le droit de marquer quelques divergences de sensibilité sur cette question politique explosive sans être taxé pour autant d'indécision. L'un sera comptable devant les électeurs, dans moins de deux ans, de l'orientation qui sera prise quand l'autre a davantage intérêt à camper sur une ligne dure pour marquer son tempérament autant que son territoire. En prenant l'engagement solennel de réduire le déficit public de la France de 100 milliards d'euros d'ici à 2013 -un objectif jugé, jusque-là, impossible à atteindre par la plupart des économistes- c'est bien le chef du gouvernement qui fait montre de la plus grande audace. En s'imposant une telle contrainte, il prend un risque considérable. Que restera-t-il de sa crédibilité dès 2011 si la tendance contredit son volontarisme ? L'Élysée, de son côté, demeure réticent à jouer à contre-emploi sur un registre aux antipodes de sa campagne allégorique de 2007. S'il dictera lui-même les grands paragraphes de l'avant-projet du gouvernement, c'est qu'il compte bien en arrondir les formules, et en adoucir quelques aspérités. L'exemple des difficultés rencontrées par Angela Merkel après la présentation de son plan de rigueur l'incite à une certaine prudence : il voit bien que l'autorité de la chancelière pourrait être -paradoxalement- érodée par sa très grande fermeté, mais aussi par la clarté avec laquelle elle a annoncé la couleur aux Allemands. Sans fioritures. Rien de commun, en effet, entre les méthodes de communication des deux côtés du Rhin. Berlin a choisi le style direct et une méthode extrêmement carrée, sans la moindre zone d'ombre sur sa détermination. Paris, en revanche, n'a cessé de recourir à des procédés allusifs pour habituer peu à peu l'opinion, petite dose par petite dose, à des changements majeurs du système des retraites. Jusqu'à présent, Matignon a parfaitement géré le calendrier pour contourner avec le meilleur timing les dangereuses chicanes posées sur la route de la réforme. Les derniers arbitrages seront donc rendus aujourd'hui et demain, en pleine Coupe du monde et à la veille d'un deuxième match décisif pour l'équipe de France contre le Mexique. Autant dire que l'attention des Français est un peu distraite, et leur capacité de mobilisation très émoussée. En bon professionnel Nicolas Sarkozy sait fort bien que si ce sursis permettra au texte d'arriver au Conseil des ministres de juillet sans trop de ratures, il lui faudra bien l'assumer pleinement à la fin du match. Le voilà saisi par l'angoisse du tireur au moment du penalty.
mardi 15 juin 2010
Le penalty de Sarkozy
Ainsi il n'y aurait pas l'ombre d'une feuille de papier à cigarette entre la position de Nicolas Sarkozy et celle de son Premier ministre sur la question de l'âge légal de la retraite qui devrait être tranchée aujourd'hui. Le couple exécutif aurait pourtant le droit de marquer quelques divergences de sensibilité sur cette question politique explosive sans être taxé pour autant d'indécision. L'un sera comptable devant les électeurs, dans moins de deux ans, de l'orientation qui sera prise quand l'autre a davantage intérêt à camper sur une ligne dure pour marquer son tempérament autant que son territoire. En prenant l'engagement solennel de réduire le déficit public de la France de 100 milliards d'euros d'ici à 2013 -un objectif jugé, jusque-là, impossible à atteindre par la plupart des économistes- c'est bien le chef du gouvernement qui fait montre de la plus grande audace. En s'imposant une telle contrainte, il prend un risque considérable. Que restera-t-il de sa crédibilité dès 2011 si la tendance contredit son volontarisme ? L'Élysée, de son côté, demeure réticent à jouer à contre-emploi sur un registre aux antipodes de sa campagne allégorique de 2007. S'il dictera lui-même les grands paragraphes de l'avant-projet du gouvernement, c'est qu'il compte bien en arrondir les formules, et en adoucir quelques aspérités. L'exemple des difficultés rencontrées par Angela Merkel après la présentation de son plan de rigueur l'incite à une certaine prudence : il voit bien que l'autorité de la chancelière pourrait être -paradoxalement- érodée par sa très grande fermeté, mais aussi par la clarté avec laquelle elle a annoncé la couleur aux Allemands. Sans fioritures. Rien de commun, en effet, entre les méthodes de communication des deux côtés du Rhin. Berlin a choisi le style direct et une méthode extrêmement carrée, sans la moindre zone d'ombre sur sa détermination. Paris, en revanche, n'a cessé de recourir à des procédés allusifs pour habituer peu à peu l'opinion, petite dose par petite dose, à des changements majeurs du système des retraites. Jusqu'à présent, Matignon a parfaitement géré le calendrier pour contourner avec le meilleur timing les dangereuses chicanes posées sur la route de la réforme. Les derniers arbitrages seront donc rendus aujourd'hui et demain, en pleine Coupe du monde et à la veille d'un deuxième match décisif pour l'équipe de France contre le Mexique. Autant dire que l'attention des Français est un peu distraite, et leur capacité de mobilisation très émoussée. En bon professionnel Nicolas Sarkozy sait fort bien que si ce sursis permettra au texte d'arriver au Conseil des ministres de juillet sans trop de ratures, il lui faudra bien l'assumer pleinement à la fin du match. Le voilà saisi par l'angoisse du tireur au moment du penalty.
Ainsi il n'y aurait pas l'ombre d'une feuille de papier à cigarette entre la position de Nicolas Sarkozy et celle de son Premier ministre sur la question de l'âge légal de la retraite qui devrait être tranchée aujourd'hui. Le couple exécutif aurait pourtant le droit de marquer quelques divergences de sensibilité sur cette question politique explosive sans être taxé pour autant d'indécision. L'un sera comptable devant les électeurs, dans moins de deux ans, de l'orientation qui sera prise quand l'autre a davantage intérêt à camper sur une ligne dure pour marquer son tempérament autant que son territoire. En prenant l'engagement solennel de réduire le déficit public de la France de 100 milliards d'euros d'ici à 2013 -un objectif jugé, jusque-là, impossible à atteindre par la plupart des économistes- c'est bien le chef du gouvernement qui fait montre de la plus grande audace. En s'imposant une telle contrainte, il prend un risque considérable. Que restera-t-il de sa crédibilité dès 2011 si la tendance contredit son volontarisme ? L'Élysée, de son côté, demeure réticent à jouer à contre-emploi sur un registre aux antipodes de sa campagne allégorique de 2007. S'il dictera lui-même les grands paragraphes de l'avant-projet du gouvernement, c'est qu'il compte bien en arrondir les formules, et en adoucir quelques aspérités. L'exemple des difficultés rencontrées par Angela Merkel après la présentation de son plan de rigueur l'incite à une certaine prudence : il voit bien que l'autorité de la chancelière pourrait être -paradoxalement- érodée par sa très grande fermeté, mais aussi par la clarté avec laquelle elle a annoncé la couleur aux Allemands. Sans fioritures. Rien de commun, en effet, entre les méthodes de communication des deux côtés du Rhin. Berlin a choisi le style direct et une méthode extrêmement carrée, sans la moindre zone d'ombre sur sa détermination. Paris, en revanche, n'a cessé de recourir à des procédés allusifs pour habituer peu à peu l'opinion, petite dose par petite dose, à des changements majeurs du système des retraites. Jusqu'à présent, Matignon a parfaitement géré le calendrier pour contourner avec le meilleur timing les dangereuses chicanes posées sur la route de la réforme. Les derniers arbitrages seront donc rendus aujourd'hui et demain, en pleine Coupe du monde et à la veille d'un deuxième match décisif pour l'équipe de France contre le Mexique. Autant dire que l'attention des Français est un peu distraite, et leur capacité de mobilisation très émoussée. En bon professionnel Nicolas Sarkozy sait fort bien que si ce sursis permettra au texte d'arriver au Conseil des ministres de juillet sans trop de ratures, il lui faudra bien l'assumer pleinement à la fin du match. Le voilà saisi par l'angoisse du tireur au moment du penalty.
Olivier Picard
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