Le résultat des élections en Belgique n’est pas réjouissant mais il a au moins une vertu de démystification. Non, les querelles communautaires entre les Flamands et les Wallons ne sont pas seulement le fait d’une classe politique coupée de la réalité tandis que la population resterait profondément attachée à l’unité du royaume. Ce sont bien les électeurs belges qui ont placé en tête des formations ayant des visions assez radicalement opposées de l’avenir du pays : la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) et, côté wallon, le Parti socialiste. Ainsi au moins les positions sont-elles claires et c’est peut-être, paradoxalement, une chance.
Partant de positions très différentes, Bart De Wever et Elio di Rupo, chefs respectifs du N-VA et du PS, vont pouvoir négocier cartes sur table. D’autant plus que les deux hommes ne sont pas liés par le passif de coalitions passées. Le leader flamand atteint pour la première fois le premier rang sur la scène politique belge, tandis que le socialiste wallon s’est concentré, ces dernières années, sur des fonctions régionales. Que peut-il sortir de leurs discussions ? Sans doute un degré supplémentaire de séparation entre les deux communautés avec une frontière linguistique encore plus marquée. Demain, ou après-demain, la Belgique deviendra une confédération de deux quasi-États.
Pour autant, risquons le pronostic, il n’y aura pas à proprement parler un éclatement de la Belgique, au moins à court ou moyen terme. Pour une première raison majeure : Bruxelles. Cette grande et attachante cité, symbole d’Europe de bien des manières, est historiquement flamande mais, très majoritairement, francophone. Elle est en somme inséparable. D’une manière ou d’une autre, les deux communautés devront veiller ensemble sur leur capitale commune. L’autre raison qui ne laisse pas présager une issue séparatiste, ce sont ces décennies d’interminables discussions qui sont devenues comme une sorte de mode de vie entre les deux parties du pays. Un peu comme ces repas de famille où l’on reprend pour la énième fois la même dispute sur les impôts ou le football. Chacun regretterait d’y mettre fin !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire