TOUT EST DIT

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lundi 5 août 2013

Ni les moyens, ni l’envie

Ni les moyens, ni l’envie
Daniel Ruiz

Que la prison refasse la Une de l'actualité et aussitôt les trompes sécuritaires se remettent à nous sonner le grand air du laxisme, de l'inefficacité et de la tranquillité des citoyens honnêtes. Pour être connu, le refrain n'empêche pas les fausses notes : la surprise feinte de Manuel Valls, l'opportune demande d'information de Mme Taubira, les réactions démagogiques… Reste que la libération des trois malfaiteurs, condamnés et relâchés faute de place en prison, repose un problème vieux comme l'organisation de la France, celui de la punition. Oublieux de leurs réalités récentes MM. Estrosi et Ciotti roulent les mécaniques de leurs idées populistes, comme s'ils n'avaient jamais été confrontés à la surpopulation carcérale.
Toute faute mérite sanction, c'est un des fondements de notre société. Mais la collectivité nationale devrait battre la coulpe de son incapacité chronique à inventer une réponse sociale qu'elle opposerait à la violence, à l'horreur et à la récidive. Après quarante ans d'échecs gouvernementaux, on peut s'en tenir aux statistiques du manque de places de prison, on peut quantifier les peines en attente d'exécution et rappeler les trente mille places promises en 2011 qui ne compenseraient même pas les fermetures prévues au plan vétusté. On peut…
On pourrait aussi repenser notre système carcéral tellement inadapté qu'il n'a pas imaginé de répondre à la violence autrement que par la violence. La prison ne dissuade jamais les auteurs de délits, pas plus que notre barème des peines n'empêche le passage à l'acte. Les geôles n'ont aucune valeur d'exemple, en tout cas positif, et il est connu et reconnu qu'elles transforment fréquemment le petit loubard en voyou endurci.
Les querelles qui opposent rituellement nos élus ne sont que l'écume du débat politique puisque la France n'a ni les moyens de créer les cellules suffisantes, ni l'envie de s'intéresser à ceux qui enfreignent ses règles. Notre société doit se protéger, nul ne le conteste, et elle dispose pour cela du monopole de la punition. Elle n'imagine pas, pour le moment, de pouvoir se passer, un jour, de la mise à l'écart par l'emprisonnement. Elle n'imaginait pas, non plus, de pouvoir se passer de la peine de mort.

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