TOUT EST DIT

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samedi 16 mars 2013

Pauvreté et marche vers le monde

Pauvreté et marche vers le monde


Le pape François, comme son prédécesseur Benoit XVI, est un éminent théologien. Cependant sa nomination a suscité largement l'évocation de celle de Jean-Paul II. Toutes deux ont provoqué surprise et espérance de changement.

Jean-Paul II avait contribué, de fait, à l'écroulement de ce mur qui séparait le monde libre de l'Ouest de l'empire fermé et menaçant de l'Est. Là où persistait un totalitarisme inhumain, paralysant, persécutant les siens, là où proliféraient prisons et goulags. Le pape venu de ces contrées avait lutté longuement pour la liberté. Il continua à soutenir les combattants qui, comme Solidarnosc, osaient défier le régime et finirent par le faire tomber. Heureusement, les hommes d'État Helmut Kohl et Mikhaïl Gorbatchev, qui se connaissaient et s'estimaient, avaient l'expérience et l'envergure nécessaires pour gérer cette situation explosive qui aurait pu conduire à une nouvelle guerre. Le mur fut abattu, ce fut l'ouverture, la paix.
Aujourd'hui le pape François se trouve à son tour, face à des murs qui séparent l'humanité. D'abord le mur de la pauvreté et de la misère, celui-là il l'a lui-même franchi dans son pays en sortant de son palais, en parcourant les favelas, en visitant les démunis de son diocèse. Et l'on sent sa fermeté sur ces questions et sans doute la sévérité qu'il sera capable de manifester à ceux qui, dans l'Église, ne seraient pas assez attentifs aux pauvres. Non pas, a-t-il dit, comme peut le faire une ONG mais comme doit le faire l'Église si elle veut être vraiment l'Église du Christ.
La force du témoignage
En effet, le chrétien, s'il voit le pauvre, voit aussi en lui quelqu'un d'autre, celui qui proclama « aimez-vous les uns les autres ». Cette simple présence exigeante à l'intérieur du Vatican changera certainement d'elle-même bien des comportements, des attitudes et des priorités. Il faudra bien que l'on se conforme à l'attitude du pape et adopter de nouvelles manières proches des siennes...
Il est un autre mur aux multiples ramifications, celui qui sépare les civilisations, les cultures, les religions. Comment faire passer l'Évangile libérateur des oppressions dans chacune de ces entités ? Il ne s'agit pas de conquêtes mais de rencontres, d'échanges dans le respect de l'autre pour que l'humanité avance ensemble dans la solidarité vers la vérité.
Ce nom de François correspond bien à ces deux orientations. La simplicité et la pauvreté, c'est François d'Assise, c'est aussi la protection des pauvres comme le firent les jésuites du XVIIe siècle envers les Indiens des réductiones. C'est aussi avec François-Xavier la mission qui évoque ces jésuites du XVIIe siècle qui, comme le Père Ricci, découvrirent et aimèrent la civilisation chinoise jusqu'à en devenir quasiment mandarins.
C'est tout cela qui va compter dans ces années de pontificat à venir. C'est par là que viendront au Vatican, à la Curie, ces évolutions, ces réformes évoquées, ces clarifications attendues et le recentrage qui paraît nécessaire à beaucoup. La parole du pape prendra une singulière valeur face aux lourdeurs de l'organisation vaticane, sa force sera celle du témoignage de vie de celui qui la prononce.

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