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samedi 16 mars 2013

Un pape des Amériques

Un pape des Amériques


Le cardinal Jorge Mario Bergoglio, jésuite et archevêque de Buenos Aires, est devenu avant-hier soir le 265e successeur de saint Pierre. Il n’aura fallu que deux jours et cinq scrutins pour que son nom rallie les suffrages des deux tiers des électeurs. Non sans surprise. Les regards étaient tournés vers des candidats plus jeunes. Or, le nouveau pape a déjà 76 ans – Benoît XVI en avait 78 lors de son élection en 2005. Mais la possibilité d’un renoncement étant désormais ouverte, le nombre d’années ne semble pas avoir pesé dans le choix.
Le nouveau pape est le premier qui vient des Amériques. Cette élection signe le basculement du centre de gravité du catholicisme vers le Sud, avec ses problématiques spécifiques de justice sociale. En choisissant de porter le premier le nom du Poverello d’Assise, saint populaire et patron de l’Italie, le pape François a montré la tonalité qu’il entend donner à son pontificat, dans le sillage de l’engagement social auprès des plus pauvres qu’il a déployé en Argentine, son pays natal. Et déjà, hier soir, lors de sa première apparition publique devant la foule immense rassemblée sur la place Saint-Pierre, il a manifesté son humilité et son désir de simplicité. Un peu raide dans un premier temps, le pape François a vite trouvé le sourire pour s’adresser avec chaleur et simplicité aux fidèles, leur demandant de prier avec lui et pour lui en silence pendant une minute.
Le pape François ne fait pas que venir des Amériques. C’est aussi un migrant de la deuxième génération, fils de parents italiens issus du Piémont, qui revient vers la terre paternelle, vers une Europe qui a longtemps constitué la tête de pont pour la diffusion de l’Évangile à travers le monde. Il y retourne avec une expérience de foi vécue dans un contexte culturel non européen – bien qu’encore latin. À l’époque de la mondialisation et des flux migratoires, le choix d’un pape venu de l’autre côté de l’Atlantique est d’abord le signe que le message de l’Évangile n’a pas de frontières, qu’il s’enrichit au contact des cultures qu’il côtoie et mérite d’être redécouvert. 

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