TOUT EST DIT

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mercredi 18 juillet 2012

François Hollande « rénove »… En ressortant le « camarade Michel » de la naphtaline ! 



En 2009 Nicolas Sarkozy nous avait concocté une « Commission Balladur », chargée de réfléchir à la modernisation de la vie publique. Les membres de cette Commission, tous plus éminents les uns que les autres,  avaient cogité une vingtaine de propositions dont aucune, ou à peu près, n’avaient au final été retenues.  A peine élu François Hollande se balladurise donc à son tour et nous sort, autre recyclage de Premier ministre, une « Commission Jospin ».
 
Lors de son interview télévisée du 14 juillet à l’Hôtel de la Marine (voir Présent d’hier), le président Hollande avait  annoncé son intention de  confier « une mission » à l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin, dont il avait loué « l’intégrité ». Une qualité plutôt rare au PS, où elle contraste fortement  avec les turpitudes  de certains pontes socialistes du Pas-de-Calais, des Bouches-du-Rhône , du Vaucluse ou du Val d’Oise, département dont DSK fut l’élu. D’où sans  l’aura d’honnêteté qui entoure Jospin.  En tout cas, pour François Hollande, le « renouveau » de la vie publique, sa « modernisation » et surtout sa « moralisation » commencent par le retour en politique de Lionel Jospin.
Samedi le président de la République nous avait expliqué  « Il y a des règles qui sont demandées, parce que nous sommes dans une période difficile et qu’il y a une exigence de moralisation, de rénovation (…) Donc, je vais proposer une commission dans un délai très court, qui sera présidée par un homme incontestable pour son intégrité … ». Une sorte de renvoi d’ascenseur à celui qui, quinze ans auparavant lui avait  en quelque sorte ouvert la voie élyséenne en l’installant à la tête du PS (1997). Après la dissolution de l’Assemblée nationale par Jacques Chirac,  les socialistes ayant remporté les élections législatives anticipées qui suivirent,  Jospin s’était trouvé  propulsé à  Matignon. Il lui fallait un remplaçant rue Solferino.   
 
Pour « rénover », « moderniser », « moraliser » — trois termes dont le chef de l’Etat se gargarise devant les micros et les caméras —,  ce dernier ne trouve donc rien de mieux que de ressortir le « camarade Michel » de la naphtaline où ce dernier  hibernait depuis dix ans. Depuis en fait ce mémorable 21 avril 2002 où le Premier ministre socialiste, qui se voyait arriver à l’Elysée dans un fauteuil, avait été éliminé, à sa grande surprise, dès le premier tour par Jean-Marie Le Pen, causant un fort traumatisme au PS, à ses élus et à ses électeurs.
 
Quelques mois auparavant, une polémique sur le passé trotskyste de Lionel Jospin avait révélé au grand public l’engagement passé du Premier ministre dans le groupuscule lambertiste l’OCI (Organisation Communiste Internationaliste), devenu aujourd’hui le Parti des travailleurs. Un groupuscule révolutionnaire dont les candidats obtiennent  autour de  0,30% de suffrages, chaque fois qu’ils sortent de la clandestinité pour se présenter à une élection, et dans les rangs duquel Lionel Jospin milita plusieurs années : de sa sortie de l’ENA à son entrée au PS, c’est-à-dire l’ancienne SFIO « rénovée » par François Mitterrand. « Camarade Michel » était le nom de guerre du haut-fonctionnaire ainsi entré, dans une sorte de clandestinité militante, en religion trotskiste… 
 
La Pérestroïka selon Hollande et le « camarade Michel »
 
Aujourd’hui donc le « camarade Michel » reprend du service. Le voici président de la « Commission pour la rénovation de la vie publique » qui vient d’être officiellement créée. A cet effet François Hollande, qui n’a pas perdu de temps entre l’annonce de ladite Commission et sa concrétisation, a rencontré dès lundi matin à l’Elysée l’ancien Premier ministre, afin de lui remettre sa « lettre de mission ». En quoi consiste exactement la « mission » du « camarade Michel » ? D’abord, la dite commission qui se réunira pour la première fois le 25 juillet prochain (toujours au pas de charge : Hollande est pressé de rénover, moderniser, moraliser),  se compose de quatorze membres. Les principaux axes de réflexion de cet aéropage d’universitaires, de magistrats et de hauts fonctionnaires porteront en priorité  sur la recherche et la définition  d’un « meilleur déroulement de l’élection présidentielle (mode désignation des candidats) », mais aussi  sur « le statut juridictionnel du chef de l’Etat ». Autre champ de réflexion à défricher : « La commission examinera les voies  d’une réforme des modes de scrutin concernant les élections législatives et sénatoriales (quelle dose de proportionnelle installer ? Celle-ci doit-elle être appliquée sur le plan national ou de façon plus  restrictive, dans un cadre régional ?) Elle formulera aussi des propositions « permettant d’assurer le non cumul des mandats des membres du parlement et du gouvernement avec l’exercice de responsabilités exécutives locales ».  La parité (comment l’améliorer et peut-être la rendre intégrale) figurera aussi au programme de ce nouveau  « Comité Théodule » — un de plus ! — ainsi que  « l’élaboration de règles de déontologie permettant d’assurer une meilleure transparence de la vie publique  ».
 
En URSS, il y a un peu plus d’un quart de siècle, le camarade Gorbatchev (Mikaïl de son prénom) appelait le train de réformes qu’il s’apprêtait à  mettre sur les rails : la Pérestroïka ! C’est en somme une sorte de Pérestroïka hollandaise que le camarade Michel est chargée de conduire à son tour. « Nous devons travailler à un rythme assez soutenu, le Président attendant que nous lui remettions nos réflexions tout début novembre » a confié le retraité de l’île de Ré à la presse. On frise le stakhanovisme.
 
Début Novembre… La Toussaint n’est-elle pas aussi une date tout indiqué pour enterrer en grandes pompes les propositions que formulera le Comité Jospin ? Et l’occasion, au passage, de déposer quelques fleurs du souvenir à la mémoire des défuntes  propositions du Comité Balladur. Attention aussi que pour l’occasion, le « camarade Michel », dit aussi « l’austère qui se marre », ne devienne pas l’homme qui rie dans les cimetières… Des Comités de réformes !
 
Roselyne Bachelot « crache dans la soupe » 
 
Nous l’avons déjà dit, mais répétons-le : cette commission, strictement paritaire — un homme, une femme —,  se composera de quatorze membres, s’agissant pour l’essentiel d’universitaires, de magistrats, de hauts fonctionnaires. Et parmi tous ces mandarins, d’une ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, exhibée bien sûr par l’Elysée comme une  prise de guerre : Roselyne Bachelot !
 
L’ancienne ministre du gouvernement Fillon, on le sait depuis le soir de la défaite de Nicolas Sarkozy, n’était pas d’accord avec la ligne politique de la campagne présidentielle de son champion,  « impulsée », accuse-t-elle,  par le trio de conseillers du président sortant : Patrick Buisson, Claude Guéant, Emmanuelle Mignon ». Trois conseillers qu’elle nomme « la bête à trois têtes ».
 
Bachelot, qui est elle-même du genre dragon cracheuse de flammes,  vient même d’écrire un livre, A feu et à sang. Carnets d’une présidentielle de tous les dangers (Flamarion), pour flageller ses anciens comparses, coupables à ses yeux de « dérive droitière ». Qu’elle préfère qualifier de « dérive populiste », l’expression lui paraissant plus stigmatisante.
Le populisme… voilà l’ennemi de Roselyne ! Un ennemi qu’elle partage avec toute la gauche. Pas de rapprochement possible avec le Front national. Alain Sanders fustigeait  Dans Présent du jeudi 12 juillet, cette droite ersatz à travers trois de ses représentants : François Baroin, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire : « Ces trois-là (…) entre un socialo-communiste et un candidat de la vraie droite, appelleront toujours à voter pour le socialo-communiste ». La Fillonniste Roselyne Bachelot est un autre spécimen de cette droite là. Une droite qui défend le mariage gay et la parentée homosexuelle, mais prône l’exclusion des nationaux.
 
Dans le livre avec lequel elle espère mettre l’UMP à « feu et à sang », Bachelot n’en finit pas de dénigrer cette stratégie populiste et « maurassienne » qui, selon elle, serait à l’origine de la défaite de Nicolas Sarkozy. « On aurait été mieux qualifié au second tour avec une autre stratégie plus sociale, plus rassembleuse. Le FN est contenu par un plafond de verre et il l’aurait été encore mieux si nous l’avions vraiment combattu ! ». Feu donc, sur le mouvement national !  Avec toute la gauche, rose, verte ou rouge comme compagnon d’armes.
 
« Ces courtisanes qui font tout pour être ministre… »
 
On comprend pourquoi la gauche a si facilement récupéré Mme Bachelot. Certains UMP,  comme Christian Estrosi et Nadine Morano,  l’accusent aujourd’hui sans ménagement  de cracher dans la soupe du sarkozysme  après s’en être goinfré. Henri Guaino, qui la connaît bien, est encore plus méchant. Il fait de Roselyne Bachelot « l’exemple même de ces courtisanes qui font tout pour être ministre et mordent ensuite la main de leur bienfaiteur ».
N’entrons pas dans le jeu des  invectives désobligeantes. Disons simplement que Roselyne Bachelot, , comme François Baroin, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Lemaire et malheureusement beaucoup d’autres, représentent ces élus de droite qui pensent à gauche. Comme le disait Alain Sanders : « C’est sûr qu’avec des gens de “droite“ comme ceux-là, la gauche peut dormir tranquille. Même battue, elle serait toujours au pouvoir ». Au côté du camarade Michel, dont elle va contribué à nourrir la réflexion, Mme Bachelot est enfin à sa vraie place…

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