mercredi 18 juillet 2012
RTL et Zemmour rappelés à l’ordre sur Taubira : le CSA était moins diligent quand les cibles appartenaient au gouvernement précédent
Eric Zemmour a fait l’objet d’un rappel
à l’ordre par le CSA pour l’une de ses chroniques diffusée sur RTL. Il
s’en prenait à la ministre de la Justice Christiane Taubira, l’accusant
de privilégier les femmes et les mineurs délinquants, au détriment des
“hommes blancs”.
Gilles-William Goldnadel :
Je crois que dans cette décision, on touche vraiment le fond de
l’intolérable intolérance. A supposer même, par hypothèse
intellectuelle, qu’Eric Zemmour ait eu tort de faire un procès
d’intention à Christiane Taubira. Il s’agissait de dire qu’elle allait
favoriser certaines catégories considérées comme discriminées, à savoir
les femmes et les « mineurs délinquants » au détriment des mâles blancs.
Pour autant, il ne s’agit que d’un éditorial.
Je
me permets de rappeler que sous la précédente mandature, l’ensemble de
l’opposition, y compris de nombreux éditorialistes du service public,
ont passé leur temps à faire, à tort ou à raison, le même genre de
procès d’intention symétrique à l’ex-majorité : discriminer les
étrangers, les immigrés etc. Je ne crois pas que le CSA ait cru devoir
entrer en voie de sanction.
Par ailleurs, et je
quitte ma pure hypothèse intellectuelle, je rappelle que lorsqu'on a
posé à Christiane Taubira, lors de l’élaboration de sa loi mémorielle
sur l’esclavage, la question de savoir pourquoi elle ne prenait en
compte la traite transatlantique à l’exclusion de la traite arabe ou
barbaresque, elle a répondu qu’elle ne voulait pas désespérer les
banlieues. Je pense en conséquence que le procès d’intention que lui
fait Eric Zemmour n’est pas dénué de toute documentation.
En
outre, je rappellerais que, dans d’autres circonstances, le CSA a eu la
main infiniment moins lourde, par exemple lorsque Daniel Mermet de
France Inter a diffusé des messages d’auditeurs qui reprochaient aux
juifs d’exploiter leur capital de pitié depuis 50 ans. Or, j’ai la
faiblesse de penser que la catégorie « juif » est davantage identifiable
que la catégorie « mineur délinquant », sauf à entrer soi-même en voie
de stigmatisation d’une certaine catégorie de population.
De la même manière, plus récemment, lorsque j’avais reproché dans vos colonnes
à France Culture d’avoir déprogrammé délibérément Reynald Secher après
l’avoir interviewé sur son dernier livre consacré au génocide vendéen,
je me suis fait répondre par Michel Boyon en sa qualité de président du
CSA (avant que France Culture veuille bien obtempérer à ma mise en
demeure) que le CSA n’avait pas à s’immiscer dans la programmation des
émissions radiodiffusées. On peut donc en France interroger quelqu’un
puis le censurer sans que l’organe de contrôle de l’éthique et de la
liberté prévu par la loi n’estime en devoir d’intervenir.
Mais
Renald Seicher avait bien été déprogrammé lorsque j’ai saisi le CSA !
Il n’avait pas encore retrouvé la parole, il y avait un fait qui pouvait
être examiné, celui de la déprogrammation, dans des conditions
particulièrement goujates, puisque quand il demandait des explications,
on ne lui répondait même pas.
C’est
malheureusement le fond de l’air en Europe qui est malsain depuis 30
ans, avec cette obsession du racisme, du métissage ou de la différence.
Se crée alors une bataille véritable où les uns reprochent à la droite
de discriminer et où, inversement, les autres reprochent une sorte de
discrimination à l’envers ou une sorte d’obsession du racisme.
Ce
n’est pas de la faute de Zemmour s’il est né dans un monde qui, après
avoir longtemps été obsédé par la race, est aujourd’hui obsédé par le
racisme.
Je
suis très sceptique par rapport au discours de ces prétendus
spécialistes. Je ne crois pas que l’Islam ait été moins remis en
question ces derniers temps, notamment avec Mohammed Merah. Ce type de
raisonnement sous entendrait que si les attentats anti-juifs ont
augmenté, c’est en raison d’un nouveau pouvoir qui leur serait hostile.
Je pense que ces explications mécaniques ne sont pas pertinentes.
Par
ailleurs, je ne crois pas que Monsieur Zemmour ait demandé à voir
fustiger les hommes qui ne sont pas blancs. Je rappellerais que Zemmour a
été, il n’y a pas si longtemps de cela, débouté d’une Cour d’appel
après avoir été traité de « con » par un rappeur, Youssoupha, qui
demandait même qu’on lui mette une balle dans la tête. Selon la cour,
puisque le rap est un genre violent, ce n’est pas spécialement choquant.
Autrement dit, si c’était un petit chanteur à la croix de bois, il
aurait été condamné. Mais comme le rap et le « gangs ta rap » sont
consubstantiellement violents, il n’y a aucun problème. A ce degré-là de
soumission intellectuelle, il y a vraiment un problème de liberté et de
défense en France...
Je
ne considère pas que Zemmour soit raciste. Il a évidemment certains
thèmes de prédilection. Pour le connaitre, je ne l’ai jamais entendu, en
privé, tenir des propos racistes. Certes, il s’affranchit de ce que
l’on appelle, de manière un peu galvaudée, le politiquement correct mais
cela n’en fait pas un raciste et lorsque je lis au contraire certaines
déclarations de membres d’associations antiracistes qui sont
stigmatisantes, je me pose des questions…
Ce
sont évidemment deux personnes assez antinomiques, pour autant, l’une
est sanctionnée et l’autre est ministre. D’ailleurs, de manière plus
large, je sens une sorte de remise au pas ; Ménard perd son antenne,
Zemmour est condamné, Alain de Pouzilhac est viré de France 24 et RFi
alors qu’il n’avait pas spécialement démérité. Cela m’étonnerait que le
nouveau pouvoir en place puisse tenir longtemps comme cela.
En
attendant, concernant l’ancêtre du CSA, la Haute Autorité, Mitterrand
disait que le respect, ça se méritait. Pour une fois je serai assez
mitterrandien.
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