mercredi 18 juillet 2012
Détricotage
De l’exonération des heures supplémentaires, qui va être supprimée, à
la TVA sociale, qui va être annulée avant de voir le jour, le
gouvernement Ayrault détricote les mesures fiscales de Nicolas Sarkozy.
Pas toutes : la TVA réduite pour les restaurateurs n’est pas touchée.
C’est pourtant une niche fiscale qui coûte très cher – trois milliards
par an – et dont les effets sur les prix et les embauches n’ont pas été
mirobolants. Moralité : quand on a un bon lobby, on peut rester à l’abri
de la rigueur budgétaire.
La détaxation des heures
supplémentaires était une mesure emblématique du précédent gouvernement,
celle qui devait matérialiser le slogan de la campagne 2007 : «
Travailler plus pour gagner plus. » Elle a permis à neuf millions de
personnes de bénéficier, peu ou prou, d’un coup de pouce au pouvoir
d’achat, immédiatement rogné d’ailleurs par la rigueur salariale dans le
privé et le blocage des indices des fonctionnaires dans le public.
Voilà un cache-misère à l’efficacité économique douteuse et au coût
élevé – cinq milliards d’euros annuels. L’exonération des heures
supplémentaires a contribué à augmenter l’endettement de la France. Il
faut rappeler que cette niche fiscale, comme les autres, a été financée à
crédit. Le bricolage ne pouvait perdurer car c’était un pis-aller sans
fondement économique.
Il n’en reste pas moins que ce sont bel et
bien les classes moyennes qui vont voir augmenter leur contribution.
Aussi le gouvernement marche-t-il sur des œufs. L’antisarkozysme qui a
présidé aux promesses de campagne aurait voulu que la fiscalisation des
heures sup’ soit rétroactive au 1 er janvier. C’est ce que souhaitait d’ailleurs le PS. Après débat, on s’oriente plutôt vers le 1 er août.
Tant pis pour les finances publiques, il faut y aller en douceur. Il
est vrai que parmi les plus touchés figurent les fonctionnaires, qui ont
voté aux deux-tiers pour la gauche.
L’annulation de la TVA
sociale, honnie par la gauche, fera passer la pilule des hausses
d’impôts. Or, la TVA avait, contrairement à la détaxation des heures
sup’, une justification économique en permettant de faire peser sur la
consommation – et donc aussi sur les importations – une partie des
charges du travail. Voilà ce qui s’appelle jeter le bébé avec l’eau du
bain.
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