Le taux de marge des entreprises est historiquement bas
Et cette année ? Le pouvoir d'achat reculerait de 0,5% en 2012 selon les estimations de l'Insee. En cause, le niveau relativement élevé de l'inflation (+1,9% sur un an) et le ralentissement de la masse salariale provoqué par la décélération du salaire par tête qui n'augmenterait que de 2%, contre une hausse de 2,4% en 2011, et le retournement de l'emploi. « Ce dernier reculerait légèrement [-0,2%)] après sa timide progression de 2011. Dans un contexte conjoncturel dégradé et de visibilité réduite, les entreprises seraient en effet incitées à réduire leurs coûts salariaux en limitant les nouvelles embauches et la hausse des salaires. Ceci est d'autant plus vrai qu'elles doivent faire face à une situation financière détériorée », expliquent Olivier Eluère et Werner Perdrizet, économistes au Crédit Agricole dans une note publiée ce mardi. Une situation financière marquée par un niveau historiquement bas du taux de marge moyen que l'Insee l'évalue à 27,3% de l'excédent brut d'exploitation en 2012.
Très légère amélioration en 2013
En 2013, les économistes anticipent une faible progression de 0,4% du pouvoir d'achat. « Dans l'hypothèse d'une accalmie très progressive sur le front de la crise des dettes souveraines européennes, la croissance repartirait très prudemment [+1,1% après +0,3%] et les perspectives d'activités s'amélioreraient. Les entreprises limiteraient néanmoins toujours leurs embauches au regard de l'état détérioré de leurs profits et de la nécessité d'accroître leurs gains de productivité. L'emploi progresserait donc que très modérément [+0,2%] et les salaires par tête connaîtraient une hausse très modeste [+2,2%].
Heureusement pour le porte-monnaie des ménages, « les prix devraient poursuivre leur phase de ralentissement [+1,7%, après +1,9% en 2012 et +2,1% en 2011] ce qui contribuerait à soutenir le pouvoir d'achat », expliquent-ils, même si celui des plus aisés devrait pâtir des mesures attendues dans le cadre du projet de loi de finances 2013.
Les plus aisés dans le viseur du gouvernement
« Les principales mesures évoquées à ce jour sont : l'alignement de la taxation des revenus du capital et du travail avec la suppression du prélèvement forfaitaire libératoire, la réduction du plafond du quotient familial, la création de deux nouvelles tranches d'imposition sur le revenu à 45% pour la partie des revenus supérieurs à 150.000 d'euros et à 75% pour celle supérieure à 1.000.000 d'euros) ou encore la hausse des cotisations retraites... » , détaillent-ils, ces nouvelles mesures s'ajoutant à celles décidées actuellement dans le cadre du collectif budgétaire de juillet 2012. « L'effet sur la consommation serait néanmoins limité, ces ménages ayant une propension à consommer moins élevé que la moyenne et pouvant puiser dans leur épargne pour lisser leurs dépenses dans le temps », expliquent les deux économistes.
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