lundi 18 juin 2012
Vague rose et décapitations de personnalités : un paysage politique bouleversé
Dans une démarche relevant à la fois de la logique et
du fatalisme, les électeurs ont donné une large majorité à François
Hollande en élisant une Assemblée où le Parti Socialiste détient à lui
seul la majorité absolue. Le Front National fait son retour à
l’Assemblée avec deux élus, Gilbert Collard et Marion Maréchal Le Pen,
la présidente du FN, Marine Le Pen ratant de peu son élection à
Hénin-Beaumont . La droite est décimée, victime d’un double
phénomène : politique, bien sûr, mais aussi générationnel, et le centre
droit ressort très affaibli de ce scrutin qui a vu François Bayrou
mordre la poussière dans son Béarn natal et le président du groupe
nouveau Centre à l’Assemblée, Yvan Lachaud défait dans le Gard. La
défaite la plus spectaculaire est celle de Ségolène Royal à La Rochelle.
La présidente du conseil régional de Poitou-Charente,
intronisée par le maire de la Ville qui ne se représentait pas, a fait
l’objet d’un véritable vote rejet de la part des électeurs rochelais qui
ont accordé 60% de leurs suffrages au dissident Olivier Falorni.
A Boulogne-Billancourt l’ancien Ministre de l’Intérieur Claude Guéant
est victime d’un phénomène semblable. D’anciens ministres de Nicolas
Sarkozy sont battus, dont Michèle Alliot-Marie à Biarritz, Nadine Morano
à Toul. Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Bertrand tirent leur
épingle du jeu de justesse, mais ont résisté à la « fatwa » du Front
National qui avait appelé à les faire battre.
François
Hollande et Jean-Marc Ayrault ont toutes les cartes en main pour
« conduire le changement ». Le premier Ministre a déclaré vouloir
rassembler toutes les énergies « pour réorienter l’Europe vers la
croissance et préserver la zone euro de la spéculation ». Il a
d’ores et déjà prévenu « rien ne sera facile…la situation est
difficile…mais nous avons des atouts », a-t-il encore ajouté, laissant
présager des lendemains moins roses. Pour l’heure le Premier
Ministre peut se réjouir du succès remporté par les membres de son
équipe qui briguaient un siège de député ; ils sont tous élus ou réélus,
ce qui devrait réduire l’ampleur du remaniement ministériel annoncé
pour l’après-législatives.
A l’UMP l’heure des
comptes va également sonner . Confortablement réélu à Meaux
Jean-François Copé voit son leadership contesté par François Fillon qui a
annoncé dès son élection connue « qu’il entend prendre toute sa part à
la reconstruction de l’opposition ».Les lendemains de défaite sont
toujours difficiles pour les perdants.
François
Hollande souhaitait un vote de cohérence ; il a été entendu. La gauche
obtient une large majorité, qui lui permettra -sur le papier du moins-,
de mener ses réformes à bien. Les électeurs sont restés sourds
aux appels des dirigeants de la droite qui les appelaient à « ne pas
mettre tous leurs oeufs dans le même panier ». Ils jugeront sur
pièce. Pour l’heure , à la lumière des résultats connus, les ministres
en lice ont été élus ou réélus. Une seule incertitude pour le moment,
elle concerne la 5e circonscritption des Bouches du Rhone où
Marie-Arlette Carlotti tente de battre le député sortant UMP, Renaud
Muselier. Mais ce soir c’est moins l’abstention record que la série de
coups de tonnerre qui ont balayé le ciel politique, qui marquent les
esprits parce qu’ils vont bouleverser le paysage politique français,
avec le retour du Front National à l’Assemblée Nationale et
l’élimination de plusieurs figures de la politique française. Les
anciennes Ministres Michèle Alliot-Marie et Nadine Morano, sont battues
dans les Pyrénées Atlantiques et en Meurthe-et-Moselle. A
gauche, Jack Lang mord la poussière. En dépit de ses déclarations
Ségolène Royal, la présidente du Conseil Régional de la région
Poitou-Charentes, sévèrement battue à La Rochelle. Elle voit son avenir
politique obstrué. Autre grand battu, François Bayrou, le troisième
homme de 2007 qui rêvait de gouverner la France au Centre , est lui
aussi remercié par ses électeur dans son propre fief où il était élu
sans discontinuer depuis 1986.Il a annoncé qu’il va prendre le recul
qui s’impose .Le président du groupe centriste à l’assemblée
nationale, Yvan Lachaud subit le même sort dans le Gard, et dans
l’ensemble c’est la survie du Centre qui est aujourd’hui en question,
avec une France très bipolarisée.
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