Le Parti socialiste remporte la majorité absolue – mais la Gauche n’obtient pas la majorité des 3/5ème nécessaire pour une réforme constitutionnelle. Ce succès s’inscrit dans la suite logique de l’élection présidentielle. Certes, la victoire de François Hollande n’a pas été suivie d’un enthousiasme débordant si l’on en croit le taux d’abstention très élevé, mais c’est aussi qu’au fond, l’enjeu n’était pas très fort : personne n’imaginait réellement l’UMP revenir au pouvoir.
Les résultats des élections législatives s’inscrivent surtout dans le mouvement de présidentialisation de la Vème République : les élections pour l’Assemblée Nationale confirment celle du Président de la République. Ce mouvement (dont le quinquennat a été le marqueur) va de pair avec le développement du bipartisme. La disparition du centre, dans les stratégies aventureuses de François Bayrou, en est la preuve. Il y a en France deux partis qui comptent, le PS et l’UMP, puis quelques autres minoritaires. Il serait certainement souhaitable de compléter cette dynamique en supprimant la possibilité des triangulaires ou en rapprochant le calendrier des législatives et de la présidentielle. Introduire une dose de proportionnelle ne servirait à l’inverse qu’à déstabiliser plus la vie politique.
Le second enseignement est politique : entre un PS dirigiste et une UMP qui hésite, les libéraux vont avoir du mal à se faire entendre.
Le Parti socialiste n’a pas fait preuve jusqu’à maintenant d’un amour démesuré pour la liberté : il est notamment par trop dépendant et drogué à la dépense publique – laquelle est par nature liberticide. Les déclarations du nouveau gouvernement en matière économique sont d’ailleurs inquiétantes, à commencer par celles du Ministre du Redressement productif sur la concurrence. Tout ce que proposent Jean-Marc Ayrault et ses ministres, c’est une nouvelle perfusion pour un Etat Providence qui est agonisant depuis trop longtemps. En dépit de son slogan, rien ne va changer avec François Hollande.
On ne peut pas dire que l’UMP compte des bataillons de libéraux non plus – c’est d’ailleurs plutôt le vide programmatique qui prévaut. Or, le défi auquel elle va être confrontée n’inspire rien de bon pour le libéralisme. Le premier de ces défis, c’est celui du renouvellement. Ce dernier est d’abord humain : plusieurs des personnalités battues sont dans la vie politique depuis des décennies et souvent elles n’ont absolument pas préparé leur relève. La défaite du successeur de François Fillon ou le fait que Jean-Pierre Raffarin revendique la tête du courant "libéral" l’illustrent bien. Le renouvellement est aussi politique : or, les terres électorales de l’UMP sont plutôt les mêmes que celles du Front National. L’une et l’autre sont donc en compétition directe : l’UMP en est conduite à adopter des positions toujours plus à dures… ce qui crée en outre des tensions en son sein (que François Hollande entend bien exploiter).
Pour des raisons institutionnelles et politiques, le libéralisme est mal en point : le centre qui avait pu porter ses idées a disparu et les deux principaux partis ne s’y intéressent guère, soit par idéologie (le PS) soit par stratégie (l’UMP). Il reste à miser sur l’Union européenne… mais ce n’est pas très démocratique !
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