TOUT EST DIT

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lundi 18 juin 2012

74 % de journalistes heureux ! 


On le subodorait. On le devinait à mille petits signes. On le vérifiait lorsque telle rédaction, telle école de journalisme organisaient des scrutins lors d’échéances électorales : les journalistes votent à gauche, sont de gauche et, naturellement, soutiennent la gauche. La consultation réalisée par Harris Interactive via Twitter pour Médias le confirme : 74 % des journalistes interrogés ont voté à gauche à la dernière présidentielle. Contre 3 %, par exemple, pour Marine Le Pen, soit un différentiel de 15 points avec l’ensemble des Français…
De quoi alimenter, à juste titre il faut bien le dire, le procès sur la coupure entre le petit monde des journalistes et leurs concitoyens. Non, la presse n’est pas l’expression du pays réel. Oui, les journalistes sont, à bien des égards, déconnectés des Français. Et quand certains, aux pensées partisanes, bien sûr, accusent les médias de s’être adonnés à un antisarkozysme primaire, ils n’ont pas forcément tort.
Le plus préoccupant dans cette affaire est le déni de réalité. Quand des journalistes veulent bien concéder qu’ils balancent plutôt pour un camp, ils affirment simultanément que cela n’a pas de conséquence sur leur traitement de l’actualité. Qui peut croire à ce vertueux dédoublement ? Peut-on attendre d’eux qu’ils interrogent enfin ces partis pris qui sous-tendent leurs pratiques professionnelles ? Rien ne dit que cet examen de conscience soit à l’ordre du jour. Pour preuve, ces propos, rapportés par Le Monde, de Valérie Trierweiler qui se voit bien « first girlfriend », comme la surnomme la presse américaine, tout en continuant d’exercer son métier de journaliste. « Elle “réfléchit” », nous apprend le quotidien, à réaliser des « interviews de personnalités étrangères »…
Après tout, nous direz-vous, pourquoi exclure de poursuivre sa carrière dans les médias quand on dort le soir à l’Élysée ? Pourquoi soupçonner un « conflit d’intérêts » quand, le 6 mai 2012, place de la Bastille, sous la tente réservée aux VIP, des artistes, des politiques, bien sûr, mais également quelques journalistes faisaient la fête. Parmi eux, Nicolas Demorand, directeur de la rédaction de Libération, ne cachait pas son enthousiasme. Son champion a gagné, ses amis sont au pouvoir. Nicolas Demorand fut notamment le présentateur de la matinale sur France Inter de septembre 2006 à juin 2010. Appelons ça le service public.
Allons, cessons de jouer les grincheux. « On s’est enfin débarrassé de Sarkozy », comme le titre Marianne. Avec la gauche au pouvoir, c’est la liberté qui revient aux commandes, n’est-ce pas ? 
De quoi mettre un peu de baume au cœur de journalistes qui, comme chacun sait, ont vécu un long hiver, pour ne pas dire l’enfer, sous la férule de Nicolas Sarkozy. Ils respirent. 
En tout cas, 74 % d’entre eux.

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