La victoire est nette. Grâce à une majorité absolue
obtenue sans le soutien encombrant de ses alliés, le Parti socialiste a
désormais les coudées franches pour gouverner avec réalisme. C’est une
bonne nouvelle, pour notre chroniqueur Frédéric Georges-Tudo, à
condition que François Hollande soit disposé à agir ainsi. Réponse très
bientôt.
Peu portée sur l’indispensable rigueur en matière de finances
publiques, l’UMP vient de laisser sa place au Parti socialiste qui la
refuse tout net.
Énoncé ainsi, le résultat des législatives fait quelque peu froid dans le dos.
Quiconque a conscience des conséquences désastreuses de la politique du
panier percé des trente dernières années se dit que l’alternance tombe
au pire moment. D’autant que François Hollande dispose depuis désormais d’à peu près tous les pouvoirs.
Dans le même temps, tout n’est pas totalement sombre dans la pièce de
théâtre qui a connu son épilogue dimanche soir. Réjouissons-nous
notamment de l’absence de majorité parlementaire aux deux tiers du PS.
Du fait de sa récente victoire aux élections sénatoriales,
on était en effet en droit de redouter un raz-de-marée rose qui lui
aurait permis de réviser la constitution à sa guise. Il s’en est fallu
de peu, cependant. Une trentaine de sièges supplémentaires dans
l’escarcelle de la majorité et l’opposition n’avait plus qu’à aller à la
pêche.
Autre sujet de satisfaction : le rajeunissement (près de cinquante élus ont moins de 40 ans) de l’hémicycle et plus encore sa féminisation
(un député sur quatre est une députée). Si le mouvement reste timide,
il n’en est pas moins notable puisqu’il permet à la France de passer du 19e au 9e rang européen sur le critère de la parité.
Que la droite suive le bon exemple de la gauche, et nous atteindrons
enfin une sorte d’équilibre naturel propice à la gouvernance efficace
d’un pays (ce qui ne signifie pas un trop mécanique 50-50) .
Hollande libéré de Mélenchon
Mais la véritable bonne nouvelle de la soirée est ailleurs. Elle
réside dans le fait que Jean-Marc Ayrault pourra se passer des élus
Europe Ecologie-Les Verts et communistes pour gouverner.
Au vu de la soudaine popularité acquise par Jean-Luc Mélenchon il y a
quelques mois, il est clair que la France a échappé de peu à la
catastrophe. Souvenons nous en effet d’un sondage CSA du 10 avril, qui plaçait le calamiteux leader du Front de gauche à 17%
d’intentions de vote contre à peine dix points de plus pour François
Hollande… De plus en plus fébrile, le PS s’imaginait déjà enchainé par
une alliance entre quasi égaux avec son aile extrémiste.
Preuve qu’il ne faut jamais désespérer de nos concitoyens, ce
véritable désastre dans le contexte économique actuel n’aura finalement
été qu’un épouvantail. À tout prendre, cette majorité absolue du Parti
socialiste est donc ce qui pouvait arriver de moins pire en matière
d’alternance.
Réalisme ou démagogie ?
Reste néanmoins à découvrir comment le président de la République va
surfer sur sa vague rose. Maintenant qu’il a les coudées franches pour
agir, deux scénarios bien distincts ne demandent qu’à s’écrire : celui
du réalisme ou celui de la démagogie.
Dans le premier film, François Hollande révélera – certes le plus
discrètement possible – aux Français qu’il les a bercés d’illusions afin
de se faire élire. Peut-être conservera-t-il à titre symbolique la
mesure ruineuse de la retraite à 60 ans, mais tout en se résignant à couper de manière drastique dans le budget de l’État afin de rassurer les marchés.
Sans doute persistera-t-il aussi à taxer les plus riches à 75% dans
le seul but de satisfaire un électorat ivre de vengeance vis-à-vis de
ceux qui réussissent, mais en admettant à demi-mots que la politique du
toujours plus d’impôts ne mène qu’à toujours plus de dépenses publiques
inconsidérées.
L'intransigeance allemande
Enfin, s’il demeure intransigeant face à la chancelière allemande
lorsque les caméras s’allument, le président de la République aura la
sagesse d’ordonner à ses troupes de rechercher le compromis dans les
coulisses. Conscient qu’un divorce du couple franco-germanique mènerait à
la dislocation du grand projet européen, il œuvrera à son tour en
faveur de quelques réformes structurelles susceptibles de relancer la
croissance à moyenne échéance.
Voilà pour le scénario A. Il en existe un autre, que l’on peut hélas
résumer ainsi : le respect de son programme électoral. Celui dans lequel
François Hollande cède aux sirènes keynésiennes de la relance par la
dépense, au moment même où les marchés s’apprêtent à sanctionner toute
dérive de la sorte.
Celui où il choisit de faire porter l’essentiel de l’effort aux
principaux contributeurs de la croissance que sont les entrepreneurs.
Celui enfin où il s’enferme dans son rôle de chef de fil des cigales de
l’Europe du Sud, prêt à en découdre avec la fourmi Merkel.
Quel film l’Élysée s’apprête-t-il à nous jouer ? "Les grandes espérances" de David Lean, ou "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hooper ? Réponse sur vos écrans dans les prochaines semaines.
mardi 19 juin 2012
Après la victoire PS, François Hollande doit arrêter la démagogie
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