mardi 19 juin 2012
La politique et les valeurs
Depuis la débâcle électorale d’hier soir, l’essentiel des débats
portent autour des « valeurs ». Je pense par exemple à Alain Juppé, en
une du Monde de ce soir, « l’UMP doit clarifier ses valeurs».
Derrière ce message se profile bien entendu la condamnation d’une
supposée connivence de la majorité sortante avec le fn. Ce discours que
répètent comme des perroquets tous les politiques de gauche et une
partie de ceux de droite me paraît étrangement décalé avec la réalité
quotidienne. En effet, les partis politiques n’ont pas pour vocation
première de porter des valeurs et de se substituer ainsi aux religions,
aux autorités morales, aux philosophes. Leur rôle est par définition
de concevoir des politiques
et de les mettre en œuvre au service de leur pays. Jongler avec les
valeurs ou les symboles, de la part des politiciens, est une manière de
fuir la décision politique. Il est tellement plus facile de se proclamer
gourou des droits de l’homme que d’avoir à gouverner vraiment, à
trancher et à assumer des responsabilités parfois douloureuses. Les
politiques, enfin ceux que nous voyons et entendons depuis hier soir,
donnent le sentiment de n’avoir rien compris. Leur mission, qu’ils
soient de la majorité ou de l’opposition, est aujourd’hui d’agir ou de
réfléchir à des solutions concrètes pour régler les problèmes que vivent
les Français au quotidien et qu’ils ne veulent absolument pas voir : le
chômage, la pauvreté, la dette, les zones de non droit, l’insécurité,
l’immigration non maîtrisée qui condamne les quartiers et les collèges
déjà les plus déshérités. L’enjeu fondamental tient à la simple prise en
compte des réalités. Les problèmes de valeurs interviennent dès lors
que les politiques refusent d’assumer leur responsabilité : le
nihilisme, l’intolérance, la haine naissent du sentiment d’abandon. Si
les citoyens sentent que leurs souffrances, leurs préoccupations, leurs
malheurs sont pris au sérieux, les questions de valeurs ne se
présenteront même pas. Un taux d’abstention de 45% aux élections
législatives, c’est du jamais vu ! Moins de 20% des Français ont
manifesté une adhésion aux nouveaux dirigeants. Où va-t-on avec cela ?
Ce dédain des urnes signifie que les Français ne croient plus en la
démocratie ni en la politique. J’aurais donc envie de dire aux
politiques : faites votre boulot plutôt que d’ergoter sur les valeurs
car c’est la meilleure façon de défendre ces dernières.
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