mardi 19 juin 2012
Non respect des promesses électorales, racisme, antisémitisme, l'insoutenable démagogie de ce temps
Les résultats des législatives peinent à
cacher certaines réalités. Parmi elles, l'inculture politique de la
droite exposée au grand jour lors des débats de la soirée électorale de
dimanche : aucun dirigeant UMP n'a pris la peine de revenir sur les
alliances extrêmes de la gauche.
La victoire socialiste aux élections législatives est totale et indiscutable.
Elle n’en consacre pas moins le triomphe de l’illusion reconnue sur la
cruelle réalité. Ce succès en dit bien davantage sur la démagogie du
temps, sur l’empathie médiatique, que sur le cynisme accessoire des
vainqueurs.
Il fallait voir et entendre hier
l’ensemble des commentateurs s’accorder sur le fait que les promesses de
François Hollande ne sauraient être tenues sans un instant estimer
devoir s’arrêter sur la légitimité d’un mensonge dont une très grande
partie du corps électoral aura accepté d’être la victime consentante.
Beaucoup
d’observateurs ont également reconnu les limites de la marge de
manœuvre des socialistes, dont la culture économique et morale ne les a
pas préparés à l’exceptionnel défi qui se présente à leur porte. Il
n’est pas sûr que la constatation du pouvoir politique désormais absolu
des amis de François Hollande soit suffisante.
Dans
30 jours, dans deux mois, ses alliés politiques et syndicaux ne
manqueront pas de venir lui réclamer des comptes, cette fois dans la
rue, au moindre écart entre le rêve promis et la réalité froidement
servie.
Autre débat, qui
fut escamoté pendant toute la soirée électorale, alors qu’enfin, il
avait pu être abordé dans la dernière semaine : l’immoralité des alliances entre la gauche socialiste et l’extrême gauche verte ou rouge.
Alors même qu’hier, la droite était à nouveau et en permanence
asticotée pour son alliance imaginaire avec le parti lepéniste, à aucun
moment ceux qui sont censés commenter l’univers politique n’ont eu la
moindre idée d’aborder la question.
Et à nouveau,
les représentants de la droite démocratique ont eu eux-mêmes la
distraction de replacer cette question essentielle sous le tapis de
leurs déconvenues. Qui saura dire enfin, qu’effectivement la
défaite de la droite est avant tout la défaite de ses représentants dont
l’inculture politique sur l’histoire du communisme et de l’extrême
gauche est à la base même de leur manquement au respect des valeurs
essentielles du libéralisme politique.
Pour
se persuader de la puissance d’une duperie intellectuelle qui vient
encore de vaincre, il n’y a qu’à relire la composition de la liste noire
diffusée par SOS Racisme et comportant, par exemple, le nom de Nadine
Morano sur la base de déclarations exclusives de toute alliance avec le
parti de la droite extrême et qui dimanche a mordu la poussière. En
revanche, pas un mot de l’organisation satellite envers Rokhaya Diallo,
chouchou des médias, compagnon de route des indigènes de la République
et signataire d’une pétition diffusée sur oumma.com et réclamant des sanctions à l’encontre de l’imam Chalgoumi pour avoir osé se rendre au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem…
Pour mesurer encore le caractère fabuleusement sélectif de la morale du
temps, on peut encore scruter l’appréciation qui fut faite pendant des
années de personnages dont, in fine, la réalité psychologique et
politique a fini par s’imposer aux esprits les plus scellés.
Ainsi, pendant des lustres, Mikis Theodorakis aura
bénéficié de par son statut d’artiste comme de par son positionnement
radical d’une aura bien indue.
Chaque fois
l’auteur de ces lignes se sera heurté au mieux à l’incrédulité, au pire à
la gausserie. Il aura fallu attendre que l’intéressé lui-même se dise
expressément antisémite, ce qui était manifestement inutile au regard de
ses déclarations passées, pour qu’enfin il mette fin de lui-même à la
sainte béatification dont il avait bénéficié jusqu’alors.
Par un phénomène similaire, Roger Garaudy aura bénéficié de la même mansuétude jusque très tard dans son parcours.
S’il avait vécu au sein d’un monde politique et intellectuel honnête et
lucide auquel j’ai toujours eu la naïveté de croire, le contempteur le
plus acrimonieux de Kravshenko aurait dû disparaitre de l’estime de ses
contemporains à la mi-temps des années 50.
Las,
même après ses prises de positions négationnistes, je ne suis pas le
plus mal placé, hélas, pour me souvenir que lorsque que j’ai dû
poursuivre le vieillard révisionniste, en prenant soin de ne pas viser
la loi Gayssot -histoire de ne pas le victimiser- il se trouva encore un
abbé Pierre et un Yehudi Menuhin impressionnés par sa radicalité
marxiste pour prendre sa défense. Et aujourd’hui encore lorsque j’ose
m’interroger sur le phénomène de canonisation d’un Stéphane Hessel qui,
l’an dernier encore, déclarait au Frankfurter Allegemeine Zeitung que
l’occupation israélienne est plus rigoureuse que l’occupation nazie, je
suis bien sûr que la plupart de ceux qui hier béatifiait Garaudy et
Theodorakis -et qui continuent de faire la loi- vont me regarder avec la
morgue supérieure de celui qui sait tenir le manche.
Les palinodies du tweet Trierweiler auront été, au moins un temps, oubliées par le triomphe électoral de son auguste compagnon.
Il
n’est pas sûr cependant que les traits de caractère des uns et des
autres qu’aura révélé cet épisode tragi-comique n’aient pas un effet
durable sur le regard public. Je confesse bien volontiers avoir ressenti
comme une manière de « shaden freude » de joie mauvaise, en songeant à
la manière dont, pour tellement moins que cela, la vie privée du couple
Sarkozy fut taillée en lambeaux.
Le succès
socialiste, je l’ai observé souvent, réside surtout grandement dans
l’absence de toute pudeur dans l’incantation morale. Ainsi, le maire de Paris appelait (Figaro, jeudi 14 juin) à ne « clouer au pilori » personne dans l’affaire du tweet. Quant au Premier ministre (même journal), il déclarait avec générosité « je veux bien comprendre que les débuts sont toujours un peu compliqués ». Sans doute faisait-il allusion à l’épisode du Fouquet’s.
Si
l’on veut encore mesurer l’insoutenable légèreté médiatique qui n’a
d’égal que sa suffisance à asséner des vérités interdites à discussion,
la tragédie qui se profile dans les pays du « printemps arabe » en
donne, chaque jour un peu plus, un exemple cruel.
C’est
ainsi, qu’en Tunisie, les salafistes obligent désormais le gouvernement
« islamiste modéré » issu du parti Ennahda à fulminer un projet de loi
contre le blasphème.
Le Monde, comme Bernard Gretta sur France Inter qui
hier encore expliquaient doctement que la démocratie en orient pouvait
être portée par l’islam, prennent aujourd’hui -c’est-à-dire un mois plus
tard- un air sévère pour tancer le gouvernement de Tunis.
En
Libye, le gouvernement libyen, pratiquant ouvertement le chantage, a
indiqué que Tripoli ne libèrerait l’avocate australienne du fils de
Khadafi qu’à la condition qu’elle donne des informations sur l’entourage
de son client.
Sauf erreur de ma part, mon ordre professionnel n’a pas cru devoir émettre la moindre protestation contre cette prise d’otage.
Je ne donne pas six mois à la classe politique et médiatique pour enfin
dire que la guerre de Libye aura constitué, à tous égards, une erreur
funeste. Mais il est difficile encore aujourd’hui de reconnaitre que
l’alternative politique qui s’offre dans le monde arabo-islamique
revient à imposer un choix entre le mauvais et le mauvais.
Est-on forcément obligé de choisir ?
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