TOUT EST DIT

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mardi 19 juin 2012

La droite nationale retrouve l’hémicycle


« Nous sommes deux seulement mais nous y sommes », a déclaré Gilbert Collard au soir de sa victoire. Ils sont trois en réalité de droite nationale avec l’arrivée de Jacques Bompard, le maire d’Orange, à l’Assemblée. Oui, ils y sont. Et nous avons tellement eu l’habitude de nous retrouver avec zéro élu dans tous les cas de figure de ce système verrouillé et tenu toujours par les mêmes, que même un seul député nous l’aurions accueilli avec liesse. Même un. Alors trois…
C’est la première fois depuis 14 ans. Depuis l’invalidation de Jean-Marie Le Chevallier en 1998. Et il était tout seul. Pour retrouver plusieurs députés du Front national, il faut remonter beaucoup plus loin dans le temps, avant le scrutin majoritaire : « 25 ans de scandale antidémocratique ». Le retour du mouvement national au Palais Bourbon est symboliquement fort. Ils font sauter un verrou.
Handicapés par le mode de scrutin majoritaire à deux tours mis en place pour les disqualifier, ces élus se sont battus seuls contre tous. C’est leur honneur et c’est leur liberté. C’est leur revanche sur un système inique et elle annonce d’autres victoires, notamment aux élections municipales de 2014. Ces députés ne risquent pas de s’endormir sur leurs pupitres. Ils feront entendre une autre voix. La voix douce et décidée de la jolie Marion Le Pen, 22 ans, qui sera la plus jeune députée de France comme l’avait été son grand-père. Et la grande gueule de tribun de Gilbert Collard qui tient n’importe quelle salle avec sa verve et ses belles envolées. Il ne faut d’ailleurs pas se faire d’illusions sur le pouvoir de la voix toute -puissante de la majorité non plus. L’Assemblée nationale vote 20 % des lois. 80 % le sont à Bruxelles.
L’injustice flagrante bien sûr, c’est que deux mois après avoir réuni 6,4 millions de voix (17,9 % des voix à la présidentielle) et au vu de leurs résultats aux législatives, le nombre des députés FN aurait dû être beaucoup plus important. Les scores sont impressionnants, parfois sans précédent. 48,8 % pour Valérie Laupies à Arles, contre Vauzelle (51,2 %). 49,9 % pour Marine Le Pen, 46,3 % pour Florian Philippot. Beaucoup sont arrivés très près de ces candidats de gauche et de droite qui, comme l’a rappelé Jean-Marie Le Pen, œuvrent en permanence bras dessus bras dessous.
La défaite de Marine Le Pen est une grosse déception. Battue à quelques dizaines de voix près (114 exactement sur près de 45 000 exprimés), elle a confirmé qu’elle allait introduire un recours devant le Conseil constitutionnel sur le scrutin dans sa circonscription, précisant à juste raison : « J’ai toujours des soupçons quand j’ai en face de moi des communistes. »
Steeve Briois a dénoncé des irrégularités dans le dépouillement de certaines communes et la distribution de tracts socialistes alors que la campagne était close.
Trois députés au Palais Bourbon peuvent-ils peser en quoi que ce soit? Le Front de gauche qui a fait un résultat très inférieur en pourcentage à celui du Front national aura dix députés et par dérogation spéciale pourra espérer former un groupe (à 10 au lieu de 15). Les communistes ont toujours bénéficié de ces largesses démocratiques.
Les députés de la droite nationale pourront intervenir à la tribune. Ils peuvent donner un retentissement particulier à une idée ou à un fait. Aborder des sujets que personne n’aborde jamais dans cette Assemblée. Sous la Troisième République un bon discours pouvait renverser un gouvernement… On verra si l’UMP ou la Droite Populaire consent à leur céder un peu de place dans cette opposition à un Parti socialiste qui cumule tous les pouvoirs.
Dès lundi matin, Gilbert Collard a assuré avoir reçu plusieurs messages de félicitations venant de l’UMP qui sont « des messages de rapprochement » : « Ils ne me tendent pas la main pour une alliance demain, mais, clairement, on voit qu’ils ne seraient pas hostiles à l’idée de travailler ou discuter avec moi. On sent qu’on va pouvoir discuter, c’est évident. »
Convié à citer des noms de ces UMP, il a rétorqué : « Vous me prenez pour une balance, ou quoi ? »
Ces précieux élus qui représentent 100 fois le nombre d’électeurs des autres, doivent valoir au moins cent fois les autres. Par leur courage et leur exemplarité d’abord. Nous les attendions.

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