TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

dimanche 10 avril 2011

Raison d'Etat

Lundi soir, les administrateurs de Renault devront dire qui est responsable de l’affaire de pseudo-espionnage qui a abouti au licenciement brutal de quatre cadres supérieurs (dont un l’an dernier). Un lamentable fiasco dû à de graves dysfonctionnements au plus haut niveau du groupe automobile dans une ambiance de paranoïa qui rejaillit sur l’image du groupe et de sa direction. Patrick Pélata, le directeur général, portera-t-il le chapeau, avec quelques collaborateurs, pour protéger Carlos Ghosn, le patron du groupe? C’était la tendance ce week-end. Carlos Ghosn est un manager exceptionnel, forgé pour la mondialisation. D’origine libanaise, élevé au Brésil, il a dirigé Michelin aux États-Unis et redressé Nissan au Japon. Il a engagé l’avenir de Renault dans la bataille de la voiture électrique. Il est le patron le mieux payé de France – plus de neuf millions d’euros – puisqu’il dirige deux groupes à la fois, Renault et Nissan.

Dans le monde politique, le ministre concerné aurait déjà présenté sa démission. Dans l’entreprise, on se protège plus longtemps. Mais Didier Lombard a fini par payer pour la multiplication des suicides à France Télécom. Et Nicolas Sarkozy, étrangement silencieux sur toute cette affaire, avait obtenu, après le scandale Kerviel, la tête de Daniel Bouton, le président de la Société générale. Sacrifier Carlos Ghosn, dit-on, fragiliserait l’alliance entre Renault et Nissan. En somme, la raison d’État impose de le maintenir à ses deux postes. Voilà pourtant la cause de l’affaire. Le manager le plus accompli ne peut tout savoir et tout contrôler en jonglant entre les langues, les avions et les fuseaux horaires. Les maîtres du monde n’existent pas plus dans les affaires qu’en politique.

0 commentaires: