lundi 21 février 2011
Un G20 à trop petits pas
Il faut l'écrire et le lire sans ironie : Christine Lagarde a réussi un petit miracle à Paris samedi aux aurores. Elle a arraché aux 20 pays les plus riches de la planète un accord sur la façon de mesurer les déséquilibres économiques mondiaux. En clair, une méthode indiquant, à partir d'un certain nombre d'indicateurs clefs, quel type de croissance et de développement crée ou non des difficultés pour le reste de la planète. Ce n'était pas gagné d'avance et il a fallu semble-t-il la persuasion et les forces conjuguées de la ministre française des Finances et de celles de son collègue allemand pour persuader la Chine, très critiquée sur la sous-évaluation du yuan, d'accepter un compromis incluant le taux de change parmi les facteurs de risque. Sans cela, la présidence française du G20 n'aurait pas seulement mal commencé, mais elle serait même de facto pratiquement déjà terminée. De ce point de vue, un échec a été évité.
Mais quand même ! La difficulté pour parvenir à ce résultat -élaborer un simple thermomètre, qui plus est ouvert à beaucoup d'interprétations -en dit long sur les tensions entre les pays. Depuis que le sentiment d'urgence devant la crise a disparu, la coopération est devenue de plus en plus difficile. Le sommet de Séoul a même constitué un échec retentissant. Tout ceci confirme que l'année qui vient ne sera pas un chemin de roses pour Nicolas Sarkozy s'il veut obtenir des résultats tangibles, et encore moins qu'il le pensait il y a peu. La France paraît ainsi bien seule à vouloir avancer sur les prix des matières premières agricoles.
La responsabilité de cet état de fait appartient principalement au vrai-faux couple que forment les Etats-Unis et une Chine de plus en plus assurée de ses forces mais aussi de plus en plus montrée du doigt. Sur la plupart des sujets, monétaire, alimentaire, financier, quand l'un a la clef, l'autre a le verrou. Washington considère qu'une appréciation du yuan résoudra l'essentiel des déséquilibres en réduisant les immenses excédents commerciaux de Pékin. Les Chinois ne voient pas pourquoi leurs exportations sont dans le collimateur et non pas les dettes d'Américains bien heureux d'avoir trouvé un banquier accommodant. Chacun des deux pays promet de rééquilibrer son économie - plus de consommation intérieure en Asie, plus d'épargne à l'Ouest -mais veut le faire comme et quand il l'entend.
Les déséquilibres persistant, le risque est que les tous petits pas du G20 n'arrivent bien tard, trop tard, pour éviter une prochaine crise. Qu'ils n'apparaissent comme une course de lenteur face à une Histoire qui s'accélère. Bref, le risque est que le G20 finisse par ressembler à son aîné, le G7, si prometteur avant de sombrer dans l'inefficacité.
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