TOUT EST DIT

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lundi 17 janvier 2011

Nouvelle vendeuse

Le Front National modernise… son image. Marine Le Pen est plus présentable que son père ; elle ne traîne pas dans son sillage les jeux de mots douteux du fondateur du parti et les condamnations au pénal qui ont suivi ; elle ne cultive pas une haine du gaullisme héritée de la guerre d’Algérie et qui a contribué à isoler le Front National de la droite parlementaire. Son discours se veut plus rassembleur que celui de son père. Elle va jusqu’à évoquer Jean Jaurès – « trahi par la gauche » — et se pose en « garante » de la laïcité républicaine à la française.

Pour autant, elle ne coupe aucune passerelle idéologique ou politique avec l’extrême droite et ses thèmes récurrents. Dans sa bouche, la laïcité est un alibi pour développer une logorrhée anti-islam qui fait allègrement l’amalgame entre religion et politique… ce qui est le contraire de la laïcité.

Elle s’appuie, comme son père, sur de vraies dérives qui choquent les Français (prières dans la rue, adaptation des horaires des piscines aux femmes musulmanes, « cantines halal ») pour apporter de fausses réponses-miracle. Dans le registre du « y’a qu’à », elle s’inscrit pleinement dans la tradition antieuropéenne du FN, en réclamant la sortie de la zone euro, voire de l’Union tout entière.

Elle dénonce l’argent-roi, le FMI, Bruxelles et, sur ces points, son discours est presque devenu consensuel de la droite la plus dure à la gauche la plus révolutionnaire. Mais dénoncer tout ce qui ne va pas faisait déjà partie de la stratégie de son père. Il n’y a rien de nouveau du côté du populisme protestataire.

À 82 ans, Jean-Marie Le Pen a réussi une transition dans la pure tradition des partis d’extrême droite. Il a choisi sa fille, ce qui affirme la « marque » du parti et de la famille ; il s’est fait élire président d’honneur, ce qui lui ouvre les portes de toutes les instances du mouvement, et surtout, il garde la présidence de Cotelec, le micro-parti qui collecte les prêts et les dons au Front national. En d’autres termes, il garde la haute main sur les finances, et les deux pieds dans la place. La vitrine est neuve, mais la boutique propose les mêmes produits et, dans l’arrière-boutique, le patron veille. La vendeuse Le Pen, au comptoir, aura du mal à aguicher la droite classique. Ou alors, c’est que celle-ci le voudra bien, en toute connaissance de cause.

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