lundi 17 janvier 2011
Jacques Servier
Si, à bientôt quatre-vingt-neuf ans, le patron du laboratoire Servier demeure svelte et alerte, ce n'est pas parce qu'il a pris du Mediator comme coupe-faim, mais parce qu'il s'impose depuis toujours un régime draconien pour éviter l'embonpoint. Ce docteur en médecine et en pharmacie a eu en effet besoin de souffle pour hisser au deuxième rang des labos français le petit fabricant orléanais de sirop pour la toux qu'il a repris il y a soixante ans. Sa silhouette frêle et sa voix fluette ne sont pas sans rappeler celles de Marcel Dassault, mais le discret propriétaire de la neuvième fortune de France possède lui aussi une poigne de fer qui le fait redouter autant que respecter dans son entreprise. Ce patriarche dont les rapports avec ses quatre filles passent pour lointains considère ses salariés comme sa véritable tribu. « Le Docteur » les motive grâce aux slogans inscrits sur les murs du siège de Neuilly, où rien ne saurait lui échapper. Grand procédurier, il eut jadis pour avocat Nicolas Sarkozy, dont il est resté proche. Dénoncer les excès de l'interventionnisme public dans la santé n'a pas empêché ce passionné de l'Asie de se transformer en champion du lobbying et de jouer à merveille de ses réseaux au sein de la Conférence Hippocrate ou de la Société française de cardiologie. Qu'importe si la localité de l'Indre où il est né s'appelle Vatan, il entend bien aujourd'hui rester aux commandes de son empire, malgré les secousses qui en troublent l'ordonnance.
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