TOUT EST DIT

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jeudi 13 janvier 2011

Les investisseurs soulagés après la levée de dette du Portugal

Lisbonne a effectué sa première émission de dette de moyen et long terme de l'année. Ce qui s'annonçait comme l'opération la plus risquée de la semaine a été un succès et a dopé les places boursières d'Europe et la monnaie unique. L'Espagne et l'Italie émettent aujourd'hui des titres.


 L'émission de dette réussie hier par le Portugal a été accueillie avec grand soulagement sur les places financières. Notamment dans celles des pays de la « périphérie » européenne. La Bourse de Lisbonne a ainsi bondi de 2,59 %, celle de Milan de 3,82 %, tandis que celle de Madrid s'est envolée de 5,42 %. A Paris, le CAC 40 a pris 2,15 %, revenant à son plus haut niveau depuis deux mois (lire page 33). Les valeurs bancaires, très exposées au risque sur la dette souveraine, ont fortement contribué à la hausse des indices. Autre signal encourageant, l'euro a repris des couleurs en cours de séance, terminant sur un gain de 0,88 %, à 1,3083 dollar.

Sur les marchés obligataires, l'heure était à la détente des taux : le rendement des obligations portugaises à 10 ans baissait de 14 points de base, à 6,76 %, après l'opération du jour, celui des titres espagnols et italiens concédait aussi quelques points de base, alors que les deux pays font aujourd'hui appel aux marchés, dans le sillage de Lisbonne.
Le premier test obligataire de cette semaine a donc été passé avec succès par le gouvernement portugais, qui a placé hier ce qu'il avait prévu, soit 1,249 milliard d'euros de dette, tout en payant moins cher sur les titres à 10 ans. L'Institut de gestion du crédit public (IGCP) a émis 599 millions d'euros d'obligations 2020 à un taux d'intérêt de 6,716 %, alors qu'il était de 6,806 % lors de la dernière opération, en novembre. Pour les obligations à 3 ans, l'agence de la dette portugaise a dû concéder un rendement de 5,396 %, supérieur au taux de 4,041 % lors de la précédente émission, en octobre.
« Cette émission est très positive, avec une demande supérieure à celle de la précédente adjudication et des taux inférieurs à ceux du marché secondaire », commente Duarte Caldas, stratégiste chez IG Markets, à Lisbonne. La demande a effectivement été très forte, 3,2 fois supérieure à l'offre pour les obligations à 10 ans et 2,6 fois supérieure pour celles à 3 ans. « Surtout, la demande est venue à 80 % de l'étranger, ce qui signifie qu'il ne s'agit pas d'un processus consanguin de financement de la dette portugaise par les banques portugaises, qui elles-mêmes se refinancent auprès de la Banque centrale européenne », souligne Diogo Teixeira, directeur général de la société de gestion de fonds Optimize, à Lisbonne. « L'accès de fièvre sur la dette portugaise s'est légèrement résorbé, ce qui conforte la position du gouvernement portugais. » Le ministre portugais des Finances a en effet expliqué, hier, lors d'une interview à l'agence Reuters, qu'il ne voyait « aucune raison d'abandonner la stratégie de financement sur les marchés ».
Le soulagement n'empêchait pas une certaine prudence des opérateurs quant à la suite des événements. « Rien n'est réglé pour autant, avertit Duarte Caldas, il s'agit toujours d'un niveau de taux qui ne nous paraît pas soutenable : si la situation se maintient ainsi pendant le premier trimestre, l'aide européenne et du FMI deviendra quasi inévitable. »
Le Portugal a chiffré ses besoins de financement à 20 milliards d'euros en 2011 et fait face à deux échéances de taille en avril et juin : il devra rembourser 4,5 et 4,9 milliards d'euros. La pression risque de monter à mesure que ces dates approchent. « Il ne faut pas oublier que le gouvernement doit aussi rembourser 3,4 milliards de dette à court terme en janvier, 3,5 milliards en février et 3,8 milliards en mars », souligne Chiara Cremonesi, chez UniCredit.
Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que Lisbonne saisisse toutes les opportunités pour lever des fonds. Le ministre des Finances a confirmé avoir effectué un placement privé de 1 milliard d'euros en fin de semaine dernière. Il a affirmé vouloir ainsi diversifier encore la base d'investisseurs. Le marché va aujourd'hui devoir absorber entre 4 et 6 milliards d'euros d'obligations italiennes à 5 et 15 ans, et 2 à 3 milliards de titres espagnols à 5 ans. Le succès du Portugal hier a renforcé la confiance des intervenants de marchés quant à ces deux émissions.
Mais les investisseurs doivent parallèlement composer avec la cacophonie des Européens sur l'opportunité d'accroître le Fonds de secours pour les pays en difficulté (lire page 6). Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, plaide pour que soient relevées sans tarder les ressources du dispositif. Paris et Berlin sont contre. Et ce même si Angela Merkel assure être prête à « faire tout ce qu'il faut » pour sauver l'euro.

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