jeudi 13 janvier 2011
En 2011, prends l’oseille et tire toi ?
Etonnant consensus parmi nos plus grands experts de la place dans Les Echos du 14 décembre 2010 tablant unanimement sur une hausse des indices européens en 2011 de 10 % à 15 % ; un consensus qui en deviendrait presque suspicieux à la vue des nombreuses incertitudes macroéconomiques et qui amènerait à se demander si « qui peut le plus peut le moins » ?
Et si les marchés européens baissaient de 10 à 15 % en 2011 comme ils l’avaient fait en 1977, après la chute abrupte de 1974 et les rebonds de 1975 et 1976, d’ampleurs très semblables aux trois dernières années que nous venons de connaître ?
La question paraît à première vue d’autant plus déplacée que ce début d’année semble vouloir fermement s’installer dans l’optimisme d’une croissance américaine plus forte agrémentée, de plus, d’un sympathique redémarrage de l’activité de fusion&acquisition.
En fait, cette interrogation contrariante ne deviendra d’actualité que si la thématique du marché venait à changer en 2011, du simple thème de la croissance – en fait, thème déjà de 2010 avec l’absence de double dip en 2011 relançant les actions depuis septembre dernier – pour se mouvoir vers la problématique de la robustesse des fondements de la reprise économique, et par la même, les perspectives de 2012 qui, elles, seront le vrai déterminant de la Bourse en 2011.
En réalité, absence de deleveraging global depuis trois ans, pouvoir d’achat des ménages artificiellement maintenu à coups de baisse d’impôts et de taux d’intérêt, défauts souverains certains en Europe, y compris en Espagne, inflation des pays émergents ravivée par le laxisme monétaire et budgétaire américain sans précédent, pétrole à 100 dollars, famine annoncée pour la moitié des pays de la planète, immobilier en hausse de 20 % à Paris en 2010 excluant effectivement les « indigènes » du droit au logement, argent gratuit poussant l’or vers de nouveaux sommets... La liste est longue des dérogations au bon sens qui rappellent quotidiennement que le monde que nous reconstruisons n’est qu’un « Greenspan Bis » transformant cette période en « Drôle de Crise » où tous les hôtels, avions et restaurants sont pleins... comme au début 2007 !
Il est naturellement impossible d’établir le timing d’un retournement potentiel de marché réclamant enfin, après trois ans, que nos politiques s’attaquent, à l’image du Royaume-Uni, aux causes réelles de la crise plutôt que d’en cacher péniblement les symptômes, mais je garde personnellement en tête quelques leçons simples de 2010 qui pourraient se révéler utiles à tout investisseur européen en 2011 :
- Le « risque souverain » a été systématiquement sous-estimé depuis plus d’un an, de part notre ignorance d’un phénomène sans précédent dans notre région depuis 1945 ;
- Les problèmes que nous pouvions anticiper à l’horizon douze mois se sont généralement concrétisés dans les douze semaines voire les douze jours suivants ;
- Les gouvernements continuent de traiter cette crise comme cyclique – repousser les questions jusqu’à la reprise – tandis que son caractère structurel rend l’addition finale non seulement inéluctable mais surtout beaucoup plus élevée : la Grèce aura finalement coûté 110 milliards d’euros contre les 10 milliards mentionnés en novembre 2009 ; les banques irlandaises auront, à elles seules, englouti 35 milliards d’euros en novembre contre les 50 milliards mentionnés pour toute l’Europe en juillet ; les 450 milliards de ligne de crédit d’urgence introduits en mai – propulsant à la hausse le cours de la BNP de 20 % en un jour ! – sont désormais insuffisants pour sauver l’Espagne...
Alors, face à ce cocktail d’optimisme d’ experts, d’incompétence de gouvernements et de déséquilibres du monde d’hier toujours présents, il ne me paraît pas idiot, en 2011, de savoir prendre « son oseille » rapidement, laquelle grandira sans doute principalement de primes de contrôle de transactions de fusion&acquisition payées par des acheteurs en manque de relais de croissance ; ou de « situations spéciales » provenant par exemple de cessions forcées d’actifs de banques toujours largement sous capitalisées...
A moins, naturellement, que l’unique combinaison en 2011 de Français à la tête à la fois du G20, du FMI et de l’OMC ne vienne miraculeusement bâtir en l’espace d’un an ce nouveau modèle économique de nature à générer la future croissance durable.
Mais si tu n’y crois pas, alors « prends l’oseille et tire toi ! »
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