TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

jeudi 20 janvier 2011

FN : vers un national-socialisme

Faire du neuf avec du vieux. Lors de son discours d'investiture, Marine Le Pen a prononcé, paraît-il, quarante-six fois le mot « Etat ». Les vieux routiers croient entendre le refrain du Programme commun de 1981, inspiré par les communistes et Chevènement. Les plus anciens se souviennent de deux exemples historiques de dérives de socialistes vers le national-socialisme : Mussolini, socialiste intransigeant jusqu'en 1922, et proclamant ensuite « Tout de l'Etat, rien hors de l'Etat, rien contre l'Etat » (incarné par le Parti national fasciste) ; puis Marcel Déat, fondateur en 1933 du Parti socialiste de France, et s'abîmant plus tard dans la collaboration. Ces deux-là étaient passés du socialisme au national. Marine Le Pen enfourne, dans son Front national, une pelletée de socialisme. A preuve sa citation « la patrie est le seul bien des pauvres » (Jaurès).

La démarche est évidemment opportuniste et populiste, comme l'attestent l'inanité et, parfois, l'ineptie de son programme économique. Mais au-delà, elle esquisse en quelque sorte un national-socialisme à la française. Alors que les extrêmes droites européennes se résument pour beaucoup à la xénophobie, elle va au surplus à la rencontre de diverses pulsions qui nous sont familières : une « cosmophobie », version élargie de la xénophobie, dénonçant la mondialisation, l'Europe, les étrangers... bref, les autres ; la mauvaise humeur contre les élites, la finance (anciennement les deux cents familles), l'euro, les dirigeants usurpateurs. Et comme ce pays adore les idées générales et les programmes, elle organise l'avenir autour de « l'Etat, colonne vertébrale de la France que nous aimons », et de la « laïcité », version républicaine et polie de la lutte contre les musulmans.

C'est plutôt bien joué en direction de l'inconscient français, toujours un peu nationaliste et un peu socialiste. C'est pourquoi, après la droite, elle commence à inquiéter la gauche.

0 commentaires: