TOUT EST DIT

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samedi 11 décembre 2010

"A un moment, DSK devra choisir où il est le plus utile"

Trop Trop : Le Parti socialiste peut-il attendre Dominique Strauss-Kahn ?
Jean-Christophe Cambadélis : Oui, tout à fait, car il a beaucoup de travail, ce Parti socialiste. Nous avons devant nous des élections cantonales et sénatoriales ; un rendez-vous au printemps pour adopter, hiérarchiser et financer notre programme ; des primaires qui devront rassembler près d'un million d'électeurs ; et enfin le rassemblement de la gauche et des écologistes. Voilà qui devrait nous occuper et nous permettre d'attendre si Dominique Strauss-Kahn souhaite venir.
Tawin : N'est-il pas risqué pour le PS de ne désigner son candidat qu'en automne 2011, alors que la machine présidentielle se sera déjà mise en marche?
Jean-Christophe Cambadélis : La machine présidentielle, vous voulez parler du président sortant ? Auquel cas elle est très grippée, cette machine. Nicolas Sarkozy est contesté, ici ou là on s'interroge pour savoir s'il ne faut pas lui substituer M. Fillon. Les candidats se bousculent au centre – François Bayrou, Jean-Louis Borloo –, dans son propre camp –Villepin – le Front national monte. Il n'y a donc aucune raison politique pour que le Parti socialiste se précipite.
J'observe enfin que c'est en juin que le Parti communiste répondra ou pas à Jean-Luc Mélenchon. C'est au même moment que Besancenot se décidera. Et dans les mêmes eaux que les écologistes choisiront définitivement.
Nous sommes dans l'épure de l'ensemble des formations politiques, le président de la République sortant ayant indiqué qu'il se déciderait en décembre-janvier. Pourquoi faudrait-il que le PS soit la seule formation, à part Lutte ouvrière, à accélérer son calendrier ?
NicolasD : Quand le PS réalisera-t-il que la priorité numéro 1 est de trancher la question du leadership, non réglée depuis 2002 ? Construire le programme avant de sélectionner le candidat n'a pas de sens. Quelle marge aura alors le candidat ?
Jean-Christophe Cambadélis : Lorsque nous tentons de sélectionner le meilleur candidat pour représenter la gauche, on nous dit que nous ne sommes pas au clair sur notre alternative, et que notre candidat sera bousculé par cette absence de clarification. Quand on tente de clarifier, on nous dit : "Pourquoi mettre le programme avant le candidat ?"
Nous avons une stratégie, celle de dire que le rejet de Nicolas Sarkozy, qui est extrêmement fort, n'est pas suffisant pour élire un candidat de gauche à l'élection présidentielle. C'est le bilan que nous avons tiré de 2002 et de l'éviction de Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle. Cela veut dire que la personnalité de notre candidat ne suffit pas à catalyser le rejet de Nicolas Sarkozy, même si c'est important.
Il faut, pour être solide, tout à la fois un candidat, mais surtout indiquer un autre chemin à la France. Car la question que l'on nous pose sur le terrain, que l'on perçoit dans les sondages, c'est : "Qu'est-ce que vous vous proposez, est-ce que vous pouvez faire autre chose ?" Et ne pas répondre à cette question, c'est fragiliser par avance le candidat, quel qu'il soit, car il s'effritera dans la campagne.
Marcel : En quels termes pensez-vous que se pose le choix que DSK devra faire entre direction du FMI et présidentielle ? Quels sont les éléments qui entrent en compte dans sa réflexion ?
Jean-Christophe Cambadélis : Je ne peux pas parler à sa place. Je ne peux que commenter une situation que je n'ai pas évoquée avec lui. Mais si l'on regarde, il est aujourd'hui au front de la construction d'une gouvernance mondiale, de la régulation économique, de la tentative de surmonter la guerre monétaire.
Tout le monde peut comprendre que cela lui prend du temps, même s'il vient d'indiquer, après le G20 de Séoul, que nous étions entrés dans l'après-crise, tout du moins dans l'"après-cette-crise". Donc il y a ce qu'il fait, son travail, essentiel pour une croissance durable et une stabilité économique mondiale.
Et puis il y a l'appel de la France. Il se manifeste par les sondages, par les articles qui se multiplient et par une attente palpable. Je pense qu'à un moment, qui n'est pas encore venu, il devra faire un choix de priorités, où il est le plus utile pour ses compatriotes.
Clément : Ne pensez-vous pas que si DSK décide de se lancer, la bulle dans laquelle il était jusque-là éclatera et que sa cote de popularité dans les sondages chutera ? Je crois que c'est l'opinion de J.-F. Copé, et je pense qu'il n'a pas tort...
Jean-Christophe Cambadélis : Jean-François Copé a le droit de rêver. Il faut qu'il rêve très fort, car il vient de toucher un parti politique, l'UMP, qui n'est pas en capacité aujourd'hui de mener la campagne présidentielle. L'UMP ne se sort pas de la justification quotidienne de la pratique contestée de Nicolas Sarkozy.
L'UMP n'a toujours pas de projet, de programme, pour le deuxième quinquennat de Nicolas Sarkozy, si ce n'est la continuité de ce qui n'est pas, pour le moins, populaire en France. Donc si Dominique Strauss-Kahn venait, les sondages seraient vraisemblablement moins favorables.
Mais Sarkozy est là, et ils ne le sont pas du tout. L'un devra éviter de tomber, l'autre ne sait pas encore comment monter.
Jack : Les électeurs socialistes ne seraient-ils pas en droit d'avoir un candidat qui ose descendre dans l'arène, comme Ségolène Royal, plutôt que quelqu'un qui reste à l'abri, ne se mouillant pas dans les polémiques nationales ?
Jean-Christophe Cambadélis : Dominique Strauss-Kahn s'est beaucoup mouillé dans la crise économique et financière que nous avons vécue. Je crois personnellement qu'il fallait beaucoup de courage pour affronter Wall Street, la City de Londres et les marchés financiers en faisant des propositions de rupture avec le consensus de Washington qui présidait hier à la marche du FMI.
Je pense qu'il est plus confortable de ferrailler avec un Nicolas Sarkozy conspué par l'opinion que de combattre pour la régulation dans des enceintes où vous avez en face de vous Barack Obama, Mme Merkel, M. Poutine, ou encore M. Hu Jintao.
KDS : Pensez-vous que DSK a vraiment envie d'y aller ? Ne va-t-il pas faire comme Delors naguère, que toute la gauche attendait... et qui a laissé Chirac l'emporter !


"Dominique devrait corriger son côté professeur"
envoyé par lemondefr. - L'info internationale vidéo.
Jean-Christophe Cambadélis : J'en serais fort triste, mais pas désespéré. Car le Parti socialiste a la chance d'avoir deux candidats aujourd'hui en capacité de battre Nicolas Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn, qui a une équation personnelle connue, la compétence sur les questions économiques, la connaissance du monde et la connaissance via les experts du FMI, extrêmement précise, de la situation française. Nous avons aussi Martine Aubry, qui réussit l'exploit d'être dirigeante du Parti socialiste et en même temps extrêmement populaire tout en battant Nicolas Sarkozy dans les sondages.
Cela montre que l'opinion tout en espérant l'un ne se désespère pas de l'autre.

Musaraigne : A titre personnel, vous semblez miser en même temps sur Martine Aubry et DSK, qui aura votre suffrage au final ? N'importe lequel des deux ?
Jean-Christophe Cambadélis : Tout le monde sait – il suffit de voir les questions – que je suis un ami de longue date de Dominique Strauss-Kahn. Mais je veux gagner, parce que la rupture avec les années Sarkozy est une nécessité pour la France. Je peux parfaitement comprendre que Dominique Strauss-Kahn tranche pour continuer un travail essentiel à l'économie mondiale, mais aussi à la France, au FMI.
Et même si personnellement j'aurais un petit pincement au cœur, je suis tout autant ami de Martine Aubry, et je suis persuadé qu'elle a les qualités, souvent d'ailleurs complémentaires à celles de Dominique Strauss-Kahn, pour relever le gant. Elle est loyale vis-à-vis de son camp, la gauche, elle est de gauche, mais enfin il suffit de voir comment elle administre la communauté urbaine de Lille, elle est réaliste, elle est très combative. Et donc je n'aurais aucun état d'âme à être à ses côtés si l'occasion se présentait.
Riri : On dit que ni Martine Aubry ni DSK n'auraient envie d'être candidat. C'est vrai ?
Jean-Christophe Cambadélis : Nous avons changé d'époque. Le temps du noir et blanc, des DS, du tour des cantons et du téléphone à fil est terminé. A cette époque, on disait qu'il fallait penser à la présidentielle le matin en laçant ses chaussures.
Nous avons épuisé ce type d'hommes politiques qui ne pensent qu'à ça et qui, lorsqu'ils sont au pouvoir, se demandent pourquoi ils sont là. Toute leur énergie est dans la conquête, mais celle-ci les laisse sans force quant à la gestion.
Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn sont des grands serviteurs de l'Etat, de la République. Mais ils ne sont pas nés avec le désir monarchique dans leur berceau. Servir, oui ; sombrer dans le désir obsessionnel d'être président de la République, non. Pour moi, c'est une très bonne chose.
Topaz : Si DSK démissionnait serait-il tenu ou pas d'effectuer son préavis ? Vous qui êtes très proche de DSK, êtes-vous dans la confidence de ses intentions et de son timing ?
Jean-Christophe Cambadélis : Il n'y a pas de préavis au FMI. Il n'y a pas de confidences non plus. Je suis très respectueux de le laisser travailler aujourd'hui. Je pense que ce qu'il fait est indispensable et qu'il n'y a pas besoin de le déranger toutes les semaines pour le harceler dans le style "tu veux ou tu veux pas ?" Je ne suis donc pas dans la confidence.
Yves Le Pape : DSK peut-il assumer le texte sur l'égalité réelle ?
Jean-Christophe Cambadélis : Tout à fait. Il faudrait même poser la question inverse : qu'est-ce qui est inassumable dans un texte qui est intelligent sur l'école, novateur sur la santé, percutant sur le logement et qui a un seul défaut – mais ce n'était pas l'objet du texte –, celui de ne pas être accompagné d'un plan de financement ?
Nous travaillons à cela. Et au printemps, nous aurons un document hiérarchisé, financé. J'observe d'ailleurs que si ce texte était vraiment incompatible – non pas avec un retour de Dominique Strauss-Kahn mais avec une gauche réaliste –, François Hollande, Pierre Moscovici et quelques autres ne se seraient pas abstenus, ils auraient voté contre. On ne s'abstient pas lorsque la gauche réaliste est en jeu.
Ils se sont abstenus parce que c'était pour eux la dernière fenêtre de tir avant les primaires, car depuis maintenant plus d'un an et demi, nous votons les textes à l'unanimité, élaborons ensemble une plate-forme alternative à Nicolas Sarkozy. Et on comprend que les responsables qui souhaitent se présenter aux primaires aient besoin de dire qu'ils apporteraient quelque chose de nouveau à la synthèse qui est en marche.
Quant à moi, pas trop éloigné de la vraie gauche réaliste, j'ai voté pour.
David Miodownick : Peut-on réellement attendre un changement substantiel dans la politique économique de "gauche" étant donné l'état des déficits publics ? En somme, l'austérité est-elle de rigueur (remember 1983) ?
Jean-Christophe Cambadélis : Je m'en souviens, ô combien ! Car nous avons commencé par 1981 avant 1983. Et nous n'avions pas à l'époque voulu prendre en compte la situation économique et le tournant a été pour le moins rigoureux, même si on pourrait objectivement démontrer que le pouvoir de Raymond Barre et de Valéry Giscard d'Estaing n'avait pas préparé la France à cette situation.
Mais je crois que l'on ne peut pas aller aux élections en disant : "Nous ferons la même politique que la droite." Il faut bien sûr prendre en compte les déficits publics, qui ont été créés un tiers par la crise et deux tiers par la politique de Sarkozy. Mais nous devons être le parti de la sortie de crise et indiquer concrètement comment, par une politique combinée en Europe et en France, nous imposerons au continent une autre politique que l'austérité renforcée de l'axe Merkel-Sarkozy.
Ruch : Quelle différence entre la politique de Sarkozy et celle suivie par DSK au FMI ?
Jean-Christophe Cambadélis : Le FMI, ce n'est pas le gouvernement de la France. J'entends par là qu'il s'agit d'une institution dans laquelle il y a les représentants de nombreux pays qui ne sont ni socialistes ni même de gauche.
Donc il faut conduire une politique dans le cadre d'un compromis, avec des forces souvent antagonistes. Il y a une part de détermination, mais aussi une science stratégique, un art diplomatique à mener pour arriver à ses fins.
Présider la France, c'est tout autre chose : vous êtes comptable de vos actes, et lorsque vous décidez le bouclier fiscal, vous en payez les conséquences. Mais je vais aller plus loin : Nicolas Sarkozy a pensé, à tort, que le choc fiscal produirait la croissance des riches et que celle-ci ruissellerait vers les pauvres.
Il s'est entièrement trompé. Il faut donc une tout autre politique, faite d'une remise en ordre de nos finances, d'une réforme fiscale, d'une confiance qui permettent de sortir rapidement de la crise. Et avec la croissance, remédier à nos déficits structurels : absence de PMI-PME, retard dans l'innovation technologique, difficultés dans l'éducation et épargne dormante.
Elloch : DSK est détesté par l'extrême gauche, compte-t- il rassembler en passant par le centre, et si oui lequel ?
Jean-Christophe Cambadélis : Arrêtons de sociologiser l'élection présidentielle. C'est le péché mignon de tous nos analystes sur les plateaux de télévision, cherchant à construire des Rubik's cube électoraux. Dans ce domaine, je ne suis pas un partisan de la demande mais de l'offre. C'est l'offre qui structure le champ politique. S'il y a une offre politique structurée, cohérente, juste, écologiste, elle amènera à elle des gens de tous horizons. Car l'engagement partisan – je suis à l'extrême gauche, je suis à gauche, je suis au centre, je suis à droite, voire je suis à l'extrême droite – est de moins en moins durable. Les électeurs sont de plus en plus stratèges, ils font leur marché dans l'espace public, peuvent être d'accord sur un sujet avec l'un, puis être d'accord avec l'autre. C'est la conséquence de la désidéologisation et de la dépolitisation. Donc il ne s'agit pas de dire que le PS doit courir après l'extrême gauche ou cajoler le centre. Le PS doit faire une offre cohérente, robuste et juste pour la France. Le reste viendra.
Quant à la question des alliances, je ne crois pas que l'on puisse fixer un préalable programmatique, voire nominatif, au Parti socialiste. Pour deux raisons : d'abord parce qu'il faut être inconditionnellement pour la défaite de Nicolas Sarkozy. C'est la clé qui ouvre le champ du possible. Ensuite, nous ne choisissons pas entre Mme Eva Joly, M. Hulot, M. Cochet, voire quelques autres ; nous ne choisissons pas entre M. Chassagne, M. Mélenchon, M. Besancenot ou la candidate de Lutte ouvrière. Il n'y a aucune raison que nos partenaires s'immiscent dans nos choix. S'ils voulaient le faire, bienvenue, il y a les primaires.
David Miodownick :  On connaît votre engagement passé et présent pour lutter contre le FN. Pensez-vous que le PS ait retenu toutes les leçons de l'électrochoc du 21 avril 2002 ? Le FN "new generation" peut-il cartonner en 2012, et si oui, au détriment de qui ?
Jean-Christophe Cambadélis : Je suis sceptique, pour ne pas dire plus, du buzz actuel sur la montée inexorable de Marine Le Pen. Je pense qu'il s'agit là d'un moyen de rassembler les troupes de l'UMP et éviter la division.
Marine Le Pen a quelques talents médiatiques, mais le facho-bobo, j'y crois pas trop. C'est-à-dire ce mélange complexe entre un populisme nationaliste, mais quand même de bon teint, et quelques thèmes puisés au sein de l'extrême droite. Marine Le Pen n'a pas l'histoire de Jean-Marie Le Pen. Elle aura beaucoup de mal à unifier toutes les familles de l'extrême droite.
Elle s'appuie beaucoup, dans le moment présent, sur les mégrétistes, ce qui lui vaudra quelques ressentiments dans d'autres courants. Que lui reste-t-il ? Un populisme rugueux, mais elle n'est pas la seule à vouloir catalyser les mécontentements populaires.
Donc au bout, je la vois dans l'épure de ce que fait le Front national, mais pas en capacité d'aller au-delà. C'est déjà un problème que sur ces thèmes il y ait en France autant de popularité pour le Front national. Mais la bataille sera très clairement entre Nicolas Sarkozy et le candidat du Parti socialiste, et ceci, à mon avis, dès le premier tour.
Gaëtan Poitevin :  Selon certains commentateurs, Nicolas Sarkozy préférerait Dominique Strauss-Kahn face à lui pour les prochaines élections présidentielles. Qu'en pensez-vous ?
Jean-Christophe Cambadélis : Je ne sais pas qui Nicolas Sarkozy préfère. Ce qu'il veut, c'est être le plus haut possible au premier tour, car s'il était accroché, voire battu, tout son édifice s'effondrerait. Donc je le crois beaucoup plus pragmatique qu'on veut bien le dire. Il prendra le candidat socialiste qui viendra et calera sa campagne par rapport à ce qu'il pense être les défauts du candidat socialiste en question.
C'est d'ailleurs pourquoi il ne faut pas se précipiter : tant qu'il ne sait pas, il ne peut pas construire son système de jeu, si vous me permettez l'expression. Donc il dira alternativement qu'il préfère l'un parce que l'extrême gauche n'en veut pas, ou l'autre parce que le centre ne peut pas. Mais son objectif, c'est d'être en tête au premier tour.
Jack : Vous êtes allé en Côte d'Ivoire en tant que secrétaire du PS : reconnaissez-vous la victoire de Ouattara, demandez-vous à Laurent Gbagbo de se retirer ?
Jean-Christophe Cambadélis : C'est fait : dès le premier jour, nous avons dit, au Parti socialiste, qu'il fallait que les autorités reconnaissent la victoire de Ouattara. Nous sommes aujourd'hui dans une impasse. Laurent Gbagbo refuse le résultat annoncé par la commission indépendante. Il se maintient au pouvoir malgré toutes les prises de position internationales et africaines.
M. Ouattara est élu, mais protégé par les Nations unies. Il a dû nommer M. Soro, ancien chef rebelle du Nord, alors qu'il était dans une alliance avec M. Bédier, qui est du Sud.
Les élections avaient surmonté le clivage ethnique, la suite le reconstitue. Il faut donc obtenir que Laurent Gbagbo reconnaisse le résultat, car je ne vois pas bien comment, sinon, la Côte d'Ivoire peut s'en sortir.
Dudule :  Vous étiez connu pour être un "porte-flingue" et pour vos saillies à l'égard de vos adversaires. Depuis quelque temps, votre discours est plus apaisé. Changement de style ?
Jean-Christophe Cambadélis : On vieillit... Plus sérieusement, il y a un temps pour tout. Aujourd'hui, je suis dans des responsabilités politiques européennes et internationales où c'est plutôt la diplomatie qui doit primer.
Et puis je me dis que si la gauche gagnait l'élection présidentielle, voire si elle la perdait, le temps de ma génération serait arrivé et que somme toute, je pourrais être utile au Parti socialiste.
David Miodownick :  Pourquoi Dominique Strauss-Kahn a-t-il échoué lors des primaires en 2006 ?
Jean-Christophe Cambadélis : Pour de nombreuses raisons, à la fois personnelles et objectives. Personnelles parce que je pense – il ne va pas aimer – qu'il n'était pas prêt, qu'il voyait la présidentielle comme une possibilité, mais n'avait pas encore totalement réfléchi à la France, à ses passions, à ses problèmes, à ses espoirs.
Ensuite, nous avons sous-estimé la cristallisation médiatico-sondagière autour de Ségolène Royal. Il était quasiment impossible d'avancer un argument rationnel. On nous répondait : "Elle va gagner."
Et Dominique Strauss-Kahn, qui est précisément un rationnel, avait du mal à trouver les arguments démontrant que son chemin social-démocrate, aujourd'hui tellement loué, était celui nécessaire à la France. Et puis, et puis, on ne nous a pas facilité le travail. Mais c'est de l'histoire ancienne.
aer0s :  Depuis quelque temps, on nous présente Strauss-Kahn comme le candidat parfait. Mais il a bien quelques défauts. Sur quels points faudra-t-il le plus travailler s'il se présente pour 2012 ?
Jean-Christophe Cambadélis : La rançon de son intelligence. Il va vite, absorbe très vite documents, notes et lectures, comprend très vite avant qu'une conversation soit terminée, et il lui arrive d'avoir un ton un peu professoral. Ce qui chez lui n'est pas du mépris, mais la volonté d'arriver à l'efficacité le plus rapidement possible.
Cela peut être mal compris dans une campagne électorale. Et il devra accepter de laisser percevoir le garçon sympathique, convivial, et pour tout dire blagueur, avec beaucoup d'humanité, qu'il est en réalité.

L'ESPOIR FAIT VIVRE !

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