TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 11 décembre 2010

Match à trois pour la présidentielle de 2012

Belle mise en scène pour les deux grands partis de gouvernement ! Samedi 11 décembre, le PS réunissait sa convention nationale sur "l'égalité réelle" à la Halle Freyssinet, à Paris. Au même moment, l'UMP tenait son premier conseil national d'après remaniement porte de Versailles. Le lieu est symbolique : c'est là que Nicolas Sarkozy avait prononcé son premier discours de candidat en janvier 2007.

Il est encore trop tôt pour savoir qui seront les candidats de 2012, mais la future échéance présidentielle est dans toutes les têtes. Martine Aubry et Jean-François Copé ne l'ont pas caché, organisant à distance la première grande confrontation idéologique entre chefs de parti, sur fond de crise financière mondiale.
Du discours de la première secrétaire du PS, on retient deux idées forces : le sarkozysme est mort, "disqualifié " par ses excès, impuissant à résoudre la "crise de civilisation" qui secoue le monde. Aux socialistes d'incarner l'"alternative" fondée sur l'"épanouissement individuel" et "l'égalité réelle". Ce dernier concept a mis des années à émerger. Il reflète une évolution fondamentale : le PS a longtemps raisonné en termes d'Etat-providence et de droits collectifs. Il constate que cela n'a pas empêché les inégalités de prospérer au point de menacer le pacte républicain. Il tente aujourd'hui de mieux appréhender les parcours individuels, avec, qui plus est, une économie forcée de moyens, puisque les caisses de l'Etat sont vides. Faire mieux avec moins ! C'est l'esquisse d'une révolution idéologique !
Jean-François Copé fait mine de ne pas s'en apercevoir. Pour le secrétaire général de l'UMP, la crise disqualifie le PS et sert Nicolas Sarkozy. Le président agit, s'adapte au monde, ose les réformes difficiles, alors que les socialistes se crispent sur leurs vieilles lunes, comme la retraite à 60 ans. Persuadé d'aller dans le sens de l'histoire, M. Copé veut que la France travaille toujours plus, et exige pour l'après-2012 l'enterrement des 35 heures, cette réforme dont le nom reste attaché à celui de Martine Aubry. La confrontation a le mérite d'être claire !
Elle est cependant trop simple, car le match n'est pas binaire. Un troisième larron rôde alentour : le Front national. M. Copé le cite comme possible trouble-fête. Mme Aubry n'en dit mot, mais ses troupes sont inquiètes. La crise est une fabrique à populistes. Et Marine Le Pen, qui prétend succéder à son père en janvier, surfe sur les difficultés sociales. Elle prône un Etat fort, défend les services publics, veut la mort de l'euro, fustige la mondialisation, dénonce les délocalisations. Ses mots peuvent trouver une oreille attentive dans les milieux populaires, comme avaient fait mouche ses attaques contre les minarets lors des régionales de mars.
Du coup, la République redevient un thème de campagne, sorte de rempart contre la mondialisation. A gauche comme à droite, tout le monde emploie le terme, mais conjugué de plus en plus avec les mots "autorité", "respect", "sécurité", "rejet du communautarisme". Comme s'il y avait urgence à redéfinir les règles du vivre-ensemble.

0 commentaires: