L'ex-dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev enjoint au président Dmitri Medvedev de tenir sa promesse d'une libéralisation politique et de lutter contre la corruption, soulignant que le pays courait dans le cas contraire à la catastrophe, dans une tribune publiée vendredi 10 décembre dans la Novaïa Gazeta. Dans ce texte publié par le journal d'opposition dont il est actionnaire, le père de la perestroïka et Prix Nobel de la paix fait un bilan peu flatteur de la dernière décennie en Russie, depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine.
"Si on ne surmonte pas les tendances antidémocratiques, toutes les conquêtes des années passées seront menacées. Pas seulement le processus démocratique, mais aussi la fameuse stabilité" acquise depuis 2000, ajoute-t-il. "Le président doit donner au pays un nouvel ordre du jour, conclut M. Gorbatchev, il faut une concurrence démocratique, une société civile active, un contrôle réel de la société [sur les affaires de l'Etat]."
M. Zorkine considère que "l'alliance du pouvoir et de la criminalité", illustrée par les événements récents de Kouchtchevskaïa, dans le sud de la Russie, est "loin d'être unique". Le massacre en novembre de douze personnes à Kouchtchevskaïa a révélé que cette petite ville avait été terrorisée pendant des années par une bande criminelle couverte par les autorités et les forces de l'ordre.
Cette affaire a suscité l'émotion dans un pays pourtant habitué ces dernières années à la montée de la violence et a donné lieu à de nombreuses révélations dans les médias russes. "Des choses pareilles se sont produites ailleurs", souligne M. Zorkine, citant notamment Novossibirsk (Sibérie), Enguels (Volga) et Gous-Khroustalny (centre).
"Nous n'avons pas le droit de laisser notre Etat se criminaliser. Dans ce cas, nos rêves d'une société démocratique et d'un Etat de droit seront enterrés", clame-t-il. Dans une telle société, "il y aura des fauves, maîtres de la jungle criminelle et des 'sous-hommes' conscients qu'ils sont simplement à la merci des fauves", ajoute-t-il. "On aura d'un côté l'agression et le mépris à l'égard des 'loosers' […] de l'autre l'horreur et la colère des misérables qui, désespérés, vont rêver d'une dictature et pas du tout de démocratie", conclut-il.
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