TOUT EST DIT

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mercredi 29 décembre 2010

Les émissaires africains somment Gbagbo de partir

Une délégation de chefs d'État de la région a demandé au président ivoirien de céder le pouvoir. 

Un Casque bleu a été blessé à la machette et un véhicule incendié lors de l'attaque mardi d'un convoi de l'ONU à Abidjan. L'affrontement a eu lieu alors qu'une délégation des chefs d'État africains - les présidents béninois, sierra-léonais et cap-verdien -, était venue enjoindre une nouvelle fois à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir et lui rappeler la décision de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) d'utiliser la «force légitime» pour obtenir gain de cause. Leur feuille de route était claire : «Ils iront parler au président Gbagbo pour lui faire comprendre et essayer d'obtenir de lui de partir sans attendre», a affirmé le ministre béninois des Affaires étrangères. Ils ont également rencontré le président élu Alassane Ouattara.
Avant même cet entretien, Laurent Gbagbo avait clairement laissé entendre qu'il ne céderait sur rien, même à ses pairs. Ce voyage apparaît plus comme une concession faite aux pays de la région les plus réticents à l'idée d'une intervention armée qu'une réelle médiation. Une réunion des chefs d'état-major de la région a d'ailleurs déjà été convoquée au Nigeria. Elle doit jeter les bases de l'intervention militaire africaine, pour l'instant encore très floue. La date de l'éventuelle arrivée des Casques blancs n'a pas été fixée, pas plus que leur composition. Mais le Nigeria, la grande puissance régionale qui devrait fournir l'essentiel des soldats, semble déterminé.
Les médiateurs désignés pour se rendre mardi à Abidjan démontrent cependant que la Cédéao n'abandonne pas totalement la diplomatie. Les trois leaders ont des références démocratiques incontestables et quelques atouts. Le Béninois Boni Yayi passe pour être proche de Laurent Gbagbo et de son épouse Simone. Pedro Pires, à la tête du Cap-Vert lusophone, est pour sa part en lien direct avec l'Angola, l'un des très rares soutiens internationaux affichés du président autoproclamé. Ernest Koroma, président de Sierra Leone, n'ignore rien des dégâts que peut provoquer une intervention africaine dans un pays. Les diplomates espèrent aussi que l'éventualité d'une intervention armée pourrait finir par créer des fissures dans l'entourage de Laurent Gbagbo, particulièrement au sein de l'armée ivoirienne.
Les chefs d'État ont enfin l'avantage de diriger des États dont peu de ressortissants sont présents en Côte d'Ivoire. Car, si Laurent Gbagbo se montre en façade courtois, dans son entourage, le ton se fait nettement moins mesuré et plus menaçant vis-à-vis des immigrés africains. Des menaces qui, dans un pays où près de 36 % de la population est étrangère, portent.

«On craint des représailles»  

Ainsi, depuis trois jours, la Radio Télévision ivoirienne (RTI) diffuse des reportages sur les communautés étrangères, laissant entendre que «trois millions de Burkinabés pourraient être forcés de quitter la Côte d'Ivoire». Le quotidien ­Notre voie, proche de la mouvance Gbagbo, est plus accusateur encore contre les homologues de leur favori : «Comme naguère, les Africains ont vendu leurs frères aux Européens, ils sont prêts à tuer les Africains pour faire plaisir à Sarkozy, le néocolonialiste. » Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse de Gbagbo, a cependant annoncé le report d'une manifestation pro-Gbagbo à mercredi.
À Treichville, un quartier d'Abidjan, la communauté nigériane s'inquiète. Devant la vitrine d'un magasin bardé d'affiches de films nigérians «made in Nollywood», John, 28 ans, dit être désormais très prudent. «On craint des représailles si des soldats nigérians viennent. Il y a déjà des gens qui nous arrêtent pour nous dire qu'ils savent qui on est, où on habite. Cela effraie.» Son énorme masse posée sur un minuscule tabouret, Anthony s'agace en anglais : «Pourquoi le Nigeria se mêle de ça ? C'est très mauvais pour notre business, pour nous. À la fin, c'est nous, les petites gens, qui allons payer les problèmes politiques.»

 lettre d'intellectuels 

Une trentaine d'intellectuels, surtout français et africains, ont appelé aujourd'hui dans une lettre ouverte à "enrayer la menace de guerre" qui pèse sur la Côte d'Ivoire, rejetant toute intervention armée dans ce pays en crise, un mois après l'élection présidentielle.

Ces intellectuels, parmi lesquels le sociologue suisse Jean Ziegler, le politologue français Michel Galy, l'écrivain d'origine camerounaise Calixthe Beyala et l'auteur malienne Aminata Dramane Traoré, se déclarent "profondément convaincus qu'une intervention militaire en Côte d'Ivoire serait de nature à aggraver une situation qui est suffisamment tragique, et plongera à coup sûr le pays et la sous-région dans la tourmente".

Le texte est aussi signé par l'un des plus proches soutiens de Laurent Gbagbo en France, Guy Labertit, ancien délégué pour l'Afrique du PS. "Les signataires de la présente lettre ouverte en appellent aux opinions publiques de toutes les nations et aux gouvernements de tous les pays épris de démocratie, de paix et de liberté, afin d'enrayer la menace de guerre qui plane sur ce pays", poursuivent-ils.

La Côte d'Ivoire est en crise après le refus du président sortant Laurent Gbagbo de céder sa place à son rival Alassane Ouattara, reconnu victorieux de l'élection présidentielle du 28 novembre par la communauté internationale.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) envisage d'aller jusqu'à renverser militairement M. Gbagbo s'il ne cède pas sa place, alors que les violences post-électorales ont fait au moins 173 morts, essentiellement des partisans de Ouattara, selon les Nations unies.

"L'histoire de l'Afrique de l'Ouest et de la Côte d'Ivoire montre qu'une telle intervention à Abidjan se traduirait par une résistance civile et des actions sanglantes devant une armée d'occupation; puis certainement des massacres urbains entre Ivoiriens et/ou entre Ivoiriens et étrangers", mettent en garde les signataires, qui appellent à une "solution pacifique".





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