TOUT EST DIT

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mercredi 29 décembre 2010

La déprime après
la prime (à la casse)

La prime à la casse, qui soutient les ventes d’automobiles depuis deux ans, s’arrête vendredi 31 décembre. En attendant, les concessionnaires espèrent une dernière frénésie d’achat. Certains disent même que ça va être la folie. Les constructeurs automobiles se livrent une véritable guerre commerciale en multipliant les rabais de toutes sortes. Résultat : des dizaines de milliers d’acheteurs pourraient signer cette semaine pour être livrés avant la fin mars et profiter ainsi des 500 euros de la prime à la casse. Les immatriculations d’automobiles vont donc rester soutenues pendant plusieurs semaines. Mais après la prime, ça risque d’être... la déprime. A en croire les professionnels, le marché pourrait baisser d’au moins 10% en 2011.

Faut-il vraiment arrêter cette prime à la casse ? Cette subvention, car c’est une subvention, aura coûté à l’Etat plus de 1 milliard d’euros en deux ans contre 220 millions prévus au départ. Cinq fois plus que prévu... Mais cinq fois moins qu’en Allemagne. Et en même temps, elle aura financé l’achat de 1 million de voitures, et donc empêché l’effondrement d’un secteur industriel majeur de l’économie nationale. Cette mesure française a d’ailleurs été copiée dans une quinzaine de pays, y compris aux Etats-Unis.

Mais elle devient de moins en moins efficace au fil du temps, car elle a déjà profité à la plupart des Français qui avaient une vieille voiture à envoyer à la casse pour toucher la prime et assez d’argent pour en acheter une nouvelle. On pourrait bien sûr imaginer une subvention permanente à l’achat de voitures neuves. Mais ça coûterait une fortune à l’Etat et ça serait très injuste pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’en offrir une.

C’est donc sûr : l’activité va baisser dans l’industrie automobile. C’est d’ailleurs la même chose un peu partout en Europe, sauf pour les constructeurs allemands qui espèrent continuer à profiter du boom asiatique.

Le problème, c’est qu’il y a d’autres domaines où les mesures du plan de relance mis en place il y a deux ans vont aussi diminuer ou carrément s’arrêter. C’est le cas d’une mesure sur la TVA qui avait amélioré la trésorerie des communes et des départements qui investissent. C’est le cas aussi d’une assurance publique sur les crédits entre entreprises. Et puis des subventions pour les contrats de travail aidés dans les administrations, réservés aux chômeurs en grande difficulté. Et encore de l’exonération de charges sociales pour les apprentis. Sans oublier le dispositif pour encourager le logement locatif, créé par la loi Scellier. Au total, toute une série de mesures apparemment techniques vont disparaître, dont l’addition se comptait en milliards d’euros. Ca va évidemment freiner l’activité l’an prochain.

Le gouvernement, qui a décidé d’arrêter toutes ces mesures, espère que la croissance sera suffisamment forte pour résister. Il y aurait davantage d’investissement, un peu plus de pouvoir d’achat. Le pari est audacieux. Mais de toute façon, le gouvernement n’a pas beaucoup le choix. Car il a promis à ses prêteurs de faire des économies, alors qu’il va leur demander la bagatelle de... 184 milliards d’euros l’an prochain.

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