TOUT EST DIT

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mardi 28 décembre 2010

Khodorkovski : le verdict suscite de fortes critiques à l'étranger

Dans leur deuxième procès, l'ex-patron de Ioukos et son principal associé, incarcérés depuis 2003, ont été reconnus coupables du vol de 218 millions de tonnes de pétrole. Les Etats-Unis et l'Allemagne critiquent fermement le jugement

La justice russe a déclaré lundi l'ex-magnat du pétrole russe Mikhaïl Khodorkovski et son associé Platon Lebedev coupables de blanchiment et du vol de millions de tonnes de pétrole, au terme d'un deuxième procès lourd de sens politique et dénoncé par la défense et l'opposition. «Le tribunal a établi que Khodorkovski et Lebedev avaient procédé au vol de biens dans le cadre d'un groupe organisé en utilisant leur fonction professionnelle», a déclaré le juge Viktor Danilkine au tribunal moscovite de Khamovniki. La justice a également reconnus les deux hommes coupables du «blanchiment» de 23,5 milliards de dollars.
« Cette affaire et d'autres du même genre ont un impact négatif sur la réputation de la Russie s'agissant du respect de ses obligations internationales en matière de droits de l'homme et d'amélioration du climat des affaires », a déclaré la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, « la façon dont ce procès a été mené est particulièrement préoccupante et constitue un pas en arrière sur la route de la modernisation du pays ». « Nous pensons que le peuple russe et l'avenir de la Russie sont mieux servis par un système judiciaire complètement indépendant du gouvernement et d'interférences extérieures ; un système qui exerce systématiquement la justice, de façon transparente et objective », a déclaré, pour sa part, le ministère britannique des Affaires étrangères. « C'est aussi important pour maintenir un climat dans lequel les investisseurs se sentent en confiance pour conclure des affaires », a-t-il ajouté.
Le ministère français des Affaires étrangères a estimé que « la consolidation de l'Etat de droit est une condition nécessaire à la réussite du processus de modernisation de la Russie ». Catherine Ashton, Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, a rappelé que Moscou devait respecter le droit international. Elle a souligné que l'UE allait continuer « de suivre de très près » la suite judiciaire du procès de l'ex-patron de Ioukos et notamment la sentence qui sera infligée à Mikhaïl Khodorkovski et son associé.

14 ans de camp requis

L'énoncé du jugement entamé lundi devrait prendre plusieurs jours avant que les deux accusés ne soient fixés sur leur sort. Emprisonnés depuis 2003 et condamnés en 2005 à 8 ans de prison pour escroquerie à grande échelle et évasion fiscale dans un premier procès, ils encourent cette fois 14 ans de camp, requis par l'accusation. «La plus grande partie des fonds a servi à leur enrichissement personnel et une moindre partie a été injectée dans la production et le raffinage (...) afin de créer la possibilité d'un vol ultérieur», a encore affirmé le jugement. Les deux accusés, dans une cabine vitrée dans la salle du tribunal, sont restés impassibles, l'un examinant ses dossiers, l'autre lisant un livre.
La défense a déjà déclaré qu'elle interjetterait appel.«C'est une décision injuste, celle d'un tribunal aux ordres. C'est une honte pour le pays», a déclaré Me Vadim Kliouvgant, principal avocat de M. Khodorkovski. MM. Khodorkovski et Lebedev étaient jugés depuis mars 2009 pour le vol de 218 millions de tonnes de pétrole, une accusation que des ministres du gouvernement de l'époque, convoqués pour témoigner au procès, n'ont pu éviter de mettre en doute. Entre 200 et 300 personnes, sympathisants et journalistes se pressaient lundi matin devant le tribunal. Un vingtaine d'entre eux ont été arrêtés.

Une affaire politique

«Liberté aux prisonniers politiques !», «La Russie sans Poutine !», scandaient les manifestants, alors que les poursuites à l'encontre de M. Khodorkovski ont de plus en plus pris le tour d'une affaire personnelle pour l'actuel Premier ministre.
«Tout voleur doit aller en prison», avait déclaré M. Poutine le 16 décembre, estimant que les «crimes» de Khodorkovski avaient été «prouvés par la justice». La défense avait dénoncé une ingérence dans le cours de la justice.
L'affaire Ioukos est très largement considérée comme orchestrée par le pouvoir russe pour briser un homme d'affaires trop indépendant, qui finançait l'opposition et n'hésitait pas à contredire le président de l'époque, M. Poutine, resté de l'avis de nombreux observateurs l'homme fort du pays. Le groupe de M. Khodorkovski, Ioukos, ex-fleuron de l'industrie pétrolière russe, a été démantelé lors du premier procès au profit d'entreprises proches du pouvoir.

«Un test pour l'état de droit en Russie»

L'énoncé du jugement devait initialement commencer le 15 décembre mais a été reporté au 27 décembre sans explications. De nombreux observateurs avaient estimé que le jugement allait être un test pour les promesses du ton plus libéral affiché par le président Dmitri Medvedev, et enverrait un signal aux élites et aux investisseurs étrangers.
«C'est un cauchemar. Ce jugement met une croix sur toutes les déclarations sur la modernisation» du pays, a déclaré l'opposant libéral Boris Nemtsov. La militante des droits de l'Homme Lioudmila Alexeeva, présidente du groupe Helsinki de Moscou, a souligné qu'un acquittement aurait nécessité que le juge fut un «héros». Un ancien représentant du patronat russe recruté comme conseiller par M. Medvedev, Igor Iourguens, a montré sa déception, estimant que ce jugement «n'inspire pas d'espoir quant à la réforme de la justice» annoncée par le président russe. L'ambassadeur d'Allemagne à Moscou Ulrich Brandenburg avait souligné dimanche l'inquiétude des milieux d'affaires occidentaux, estimant que le jugement serait «un test pour l'état de droit en Russie».

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